Entreprenant, créatif, dynamique : les qualités de l’ingénieur du futur
La fédération professionnelle Syntec Ingénierie organisait hier l’édition 2016 de son Prix de l’ingénierie du futur, pour lequel j’ai eu l’occasion de faire partie du jury. Créée il y a dix ans, cette compétition nationale vise à mettre en valeur les projets d’élèves ingénieurs, incités à former des équipes pluridisciplinaires avec des étudiants d’autres filières. La thématique choisie cette année était : « repenser les territoires ». La présentation des dix projets finalistes a mis en évidence trois qualités qui reflètent les tendances actuelles de la formation dispensée dans les écoles d’ingénieurs.
- L’esprit entrepreneurial allié à la technique
Plusieurs projets ont témoigné de la volonté des étudiants de créer prochainement leur start-up. Parmi eux, « Comfort-Train » qui a été considéré comme le plus abouti, tant au niveau technique qu’en ce qui concerne le business model et le bénéfice pour les utilisateurs. A ce titre, le projet a remporté le prix du jury.
L’objectif de cette application est d’indiquer aux voyageurs le degré de remplissage des wagons afin d’améliorer leur confort : les passagers peuvent savoir en temps réel où ils risquent de se retrouver entassés, et où ils ont une chance de trouver une place assise. Pour cela, les étudiants de Paris Dauphine et de l’Enseirb-Matméca – Bordeaux INP ont développé un logiciel qui combine du traitement d’images et du machine learning : l’algorithme apprend à reconnaître et à tracker les silhouettes des piétons sur le quai, de manière à déterminer ceux qui entrent ou sortent des wagons.
- La créativité induite par la pluridisciplinarité
Si le couple ingénieur-manager est devenue monnaie courante dans les concours de ce type mais aussi dans les cursus proposés par les établissements, l’ouverture à des étudiants architectes ou designers a désormais aussi le vent en poupe. Les écoles créent des « alliances », comme par exemple à Nantes entre Centrale, Audencia et l’Ensa (Ecole nationale supérieure d’architecture).
La compétition d’hier a mis en évidence l’intérêt d’une telle association pour favoriser l’ouverture d’esprit et la créativité, notamment à travers un projet comme Epipleo, développé par des étudiants de l’Insa et l’Ensa Lyon. Leur idée ? Proposer des structures mobiles sur le fleuve pour réintégrer celui-ci dans la ville, en favorisant les échanges et la biodiversité. Ici, la réflexion architecturale élargit la vision de l’ingénieur en intégrant des problématiques d’aménagement du territoire, tout en conservant les aspects techniques, par exemple à travers la pose de petits panneaux solaires pour produire de l’énergie.
- Le peps au service du professionnalisme
Si le cœur de la formation d’ingénieur reste bien sûr les compétences métier, les écoles portent désormais une attention de plus en plus grande à ce qu’on appelle les « soft skills », autrement dit les compétences liées au savoir-être. En particulier, l’aisance à l’oral et la capacité à présenter son produit de manière fluide et convaincante, y compris sur le plan marketing, sont apparues comme des qualités incontestables de la présentation d’Alice Comble, étudiante-entrepreneuse de Télécom Lille, incubée à Euratechnologies.
Baptisé « Borne to recycle », ce système de poubelle connectée, qui veut inciter de manière ludique les fumeurs à jeter leurs mégots pour qu’ils puissent être recyclés, a reçu le prix du public. Côté jury, davantage peut-être que son projet, c’est la personnalité de la jeune femme qui a séduit, et même « bluffé » certains membres, tant sa présentation était à la fois pétillante et professionnelle. Des atouts évidents pour un ou une ingénieur(e) du futur.
7 Responses
Ce que vous nous décrivez ici ne sont pas des ingénieurs, mais des entrepreneurs, ce qui n’est pas pareil. Je veux bien croire que pour les médias, les deux catégories se confondent de plus en plus, mais en fait non pas tout à fait.
Pour ma part : paresse (car les solutions les + simples sont souvent les meilleurs), inventivité (ça rejoint un peu créatif : il faut savoir parfois sortir des sentiers battus), obstination (ne pas jeter l’éponge au premier échec).
Cela c’est peut-être, le futur de l’ingénierie en France: devenir entrepreneur, c’est une tendence mondiale. On crée sa boîte, on demande de l’argent aux banks, on acquire une dête, cela bien pour le système…
Moi qui suis ingénieur, frère d’ingénieurs et père d’ingénieurs et qui en côtoie beaucoup je crois que la principale qualité qu’il faudra à l’ingénieur du futur c’est le sens du concret et la connaissance des choses simples. Les ingénieurs d’aujourd’hui croient qu’il suffit de bien mouliner dans sa tête et se gargarisent des idées défendues dans cet article (qu’est-ce que la créativité, vous croyez qu’un centralien est forcément créatif ?), mais ils ne connaissent rien, pensent qu’il y a tout sur internet et que ça s’apprend en 2 jours. Ce n’est pas vrai, dans un monde complexe il faut connaître les gens et les choses, toutes choses que l’on n’apprend plus à l’école.
Le “Syntec”… une question dans ce cas : combien sera payé cet ingénieur miraculeux bon à tout faire ?
Vous avez oublié “agile”. Dommage, c’est plutôt à la mode en ce moment 😉
Le Syntec, les mêmes qui traitaient Martine Aubry de fasciste lors de la mise ne place des 35 heures. Ils n’ont pas tellement changé depuis, on dirait.
Ce que vous décrivez, c’est les petits technico-commerciaux qui nous emmerdaient du matin au soir quand j’étais ingénieur. N’importe quelle connerie du moment que ça se vend.
Dans 20 ans on aura plus assez d’énergie ni de matières premières et il fera trop chaud, mais en attendant il est urgent de continuer à délirer sur de la gestion de foules et des poubelles connectées.
Faut vraiment que vous croyez que le monde mourra avec vous, les gars.
Entreprenant, dynamique, créatif… Voilà, voilà, maintenant qu’on a bien enfoncé les portes ouvertes on fait quoi ? Sérieusement qui cherche un salarié dépourvu d’imagination, totalement amorphe et surtout n’ayant aucune initiative. Où est l’info la dedans ?