Le numérique pour l’éducation : un moyen, pas une fin
En matière d’éducation, « la technologie n’a jamais résolu aucun problème. » Prononcée par un professeur en système d’information à Grenoble Ecole de Management, Pierre Dal Zotto, le propos a de quoi surprendre. D’autant que l’on parle de plus en plus de numérique dans les établissements, de la maternelle à l’université, et que l’Elysée a organisé, ce 16 décembre 2016, une rencontre avec « les acteurs du numérique à l’école ».
Et pourtant, cette affirmation reflète bien l’état d’esprit qui se fait jour désormais dans le monde de l’éducation, et qui a traversé en filigrane la conférence qu’EducPros a consacrée aux EdTech, les start-up de l’éducation.
Le numérique au service de la pédagogie
Fondateur de Didask, une start-up qui s’appuie sur l’intelligence artificielle pour favoriser l’acquisition de connaissances, Son-Thierry Ly souligne qu’« il faut partir de la question pédagogique pour se demander ensuite dans quelle mesure le numérique peut accroître la qualité des enseignements, favoriser l’accès à l’éducation et faciliter les expérimentations ».
Directeur pédagogique de la Web School Factory, Bruno Faure va dans le même sens, allant jusqu’à dire que parfois, il vaut même mieux revenir aux bons vieux feutres pour griffonner ses idées, plutôt que de vouloir installer de la technologie à tout prix dans les établissements.
Cofondateur de Domoscio, une autre start-up utilisant des algorithmes pour personnaliser l’apprentissage, Ivan Ostrowicz met néanmoins en avant les bénéfices pédagogiques de ce type de plateforme : « d’après des études américaines, 37 % des étudiants acquièrent plus rapidement des connaissances et l’échec est réduit de 18 %. Cependant, insiste-t-il, le numérique ne résout pas tout. On peut être une start-up et travailler sur des innovations pédagogiques avec peu ou sans technologie, comme dans le cas de la classe inversée. » En effet, si le numérique a contribué à diffuser cette pratique, celle-ci est bien plus ancienne !
Quant à l’action politique, elle n’aborde pas toujours le problème sous le bon angle. En témoigne le plan numérique à l’école, comme l’explique Svenia Busson, cofondatrice du EdTechWorldTour : « au-delà de l’équipement, il faut penser à installer le wifi dans les établissements, et former les enseignants », insiste-t-elle. Cette question de la formation est en effet fondamentale, et nécessite de tenir compte de la réalité du métier d’enseignant, notamment en termes de temps car apprendre à maîtriser de nouvelles technologies peut se révéler extrêmement chronophage.
@svenibus avant de faire un plan numérique pour financer du matériel il faudrait financer la formation des profs et le système #edup2016 👏
— geezot (@geeZot) 15 décembre 2016
Quels moyens pour les start-up de l’éducation ?
De leur côté, des start-up développent depuis quelques années des applications ou des plateformes web permettant de réfléchir à son orientation, rendre un cours plus interactif, réviser ses examens ou encore gérer son emploi du temps.
Cependant, ces start-up EdTech ne parviennent que difficilement à pénétrer l’Education nationale et le monde de l’enseignement supérieur. En cause, notamment : « le cadre contraint des marchés publics, pas très adaptés aux start-up », estime Ivan Ostrowitz de Domoscio, qui rappelle qu’« au-delà de 25.000 euros, il faut passer un appel d’offre, une procédure plus lourde. Sans compter le fait que les entreprises de moins de trois ans n’ont pas le droit de se présenter, ce qui oblige à nouer des partenariats ».
Cofondatrice d’Educapital, le premier fonds d’investissement dédié aux EdTech en France, Marie-Christine Levet pointe « la sous–capitalisation du marché et le retard dans la France en la matière ». Et de donner des chiffres : « sur les 6,5 milliards de dollars investis en 2015 dans les EdTech, 97 % l’ont été aux Etats-Unis et en Chine. En France, 1,8 milliard a été investi en 2015 dans jeunes entreprises, dont 40 millions dans la filière EdTech.
Le risque à ne pas financer les startups EdTech 🇫🇷 ? Que les gros acteurs 🇺🇲 et 🇨🇳 cannibalisent le marché Français @mclevet #edup2016
— Victor Wacrenier (@VWacrenier) 15 décembre 2016
« Le secteur de l’éducation est sous-digitalisé, poursuit Marie-Christine Levet qui donne le chiffre de « 3 % quand ce taux atteint 15 à 20 % dans le e-commerce et 35 à 40 % dans les médias. Le secteur de l’éducation fait peur au privé à cause des cycles très longs de l’Education nationale », analyse cette pionnière du web en France qui a notamment fondé Lycos avant de diriger Club Internet. Si le numérique constitue un moyen au service de la pédagogie, encore faut-il que les start-up aient les moyens de développer les outils adéquats.
Alors que le fonds Educapital est en cours de montage, un observatoire des EdTech doit également se lancer début 2017. Deux éléments fondamentaux pour donner des moyens et de la visibilité au secteur, et permettre de déployer de nouveaux outils pour l’éducation.
39 Responses
Le livre ( la nouvelle technologie du XVIème) n’a eu aucune incidence sur l’éducation, c’est bien connu. Il en est de même aujourd’hui avec les NTIC mais évidement des personnes incapables de les maîtriser ne peuvent que tenter de minimiser leur impact. Nier que le Net ne soit un fantastique progrès dans l’accès à la connaissance c’est à peu près aussi vrai qu’enseigner la platitude de la terre.
Si vous vivez encore dans l’idée que le Moyen âge (au hasard) croyait que la Terre était plate, il faut lire des livres ! (-> Jeffrey B. Russell, Inventing the flat earth …)
Vous êtes conscient que vous ne répondez pas du tout à l’argument de Degun?
Je ne dis pas qu’il a raison, ou que vous avez tort, mais son argument, tel que je l’ai compris n’avait rien à voir avec les connaissances géographiques au moyen-âge (d’autant que le moyen-âge, c’est vaste, surtout sans précision géographique)
Et ça me semble raisonnable d’affirmer que l’arrivée de l’imprimerie (plutôt que du livre) a dû en son temps changer les méthodes et les buts de l’éducation… Et du coup estimer que l’arrivée de l’outil informatique et notamment réseau pourrait les faire changer à nouveaux… ça ne me semble pas absurde.
On ne parle pas d’accès à la connaissance mais d’éducation.
Entièrement d’accord avec le titre ! Le vélo, la voiture, le quad… ne remplacent pas la marche !
De plus il faut prendre garde à ce que les nouvelles technologies ne creusent pas – une fois de plus – les inégalités…
En fait nous sommes entrés dans une nouvelle aire comparable à l’invention de l’écriture.
Le problème n’est pas de fin ou de moyen mais juste d’un bouleversement de l’apprentissage des savoirs et donc des savoirs eux même.
Le monde de l’éducation (pas le journal) s’accroche à des savoirs qui sont en passe de disparaître ou en profonde mutation : math et informatique, littérature et video, méthode d’acquisition de l’information…
Allons… ni les mathématiques (les vraies, pas le seul maniement des “logarithmes”), ni la littérature (je rêve : parce que vous lisez sur tablette ou écrivez sur un clavier ?), ni même le traitement de l’information (tri, vérification, organisation, synthèse, etc.) ne sont en train de disparaitre, encore moins engagés dans une profonde mutation.
On pourrait reprocher à ces belles envolées de pêcher un peu par naïveté : il ne faudrait tout de même pas se laisser abuser par de tels lieux communs qui pourraient surtout (excusez-moi mais réfléchissez-y) servir à camoufler, parfois à notre insu, un certain penchant très humain pour la médiocrité (en matière de politiques publiques, notamment). Non, le rôle de l’éducation est tout à fait autre : il s’agit (et on voit bien que c’est plus que jamais indispensable) d’aiguiser l’esprit critique, au sens d’esprit d’examen, de transmettre les outils intellectuels ainsi que le goût de l’effort et les quelques valeurs qui le permettent. Quant aux outils technologiques, tablette d’argile ou numérique, comment dire, un mode d’emploi et quelques exercices devraient suffire pour en profiter, hein.
En lisant votre dernière phrase, j’ai soudain compris pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ont globalement une si piètre compréhension de l’outil informatique.
Non, ça ne vient pas tout seul. Ni aux jeunes, ni aux vieux. Alors oui on peut utiliser certains soi disants outils sans rien y comprendre, parce qu’ils sont fait pour vous prendre par la main comme un enfant et vous emmener là où ils veulent (je pense à facebook). Mais pour lâcher la main et avancer en adulte, il faut un peu plus de hauteur, un peu plus de compréhension.
“un peu plus de hauteur, un peu plus de compréhension” : ben, ça me parait être exactement ce que j’ai écrit…
Nul besoin, en revanche, que tout un chacun devienne informaticien, pas plus qu’écrivain, ouvrier compositeur ou vidéaste jadis. Franchement, vous voudriez qu’on enseigne le code source de Facebook à tous les élèves ?
“En fait nous sommes entrés dans une nouvelle aire”
“des savoirs eux même.”
Je dirais même plus : nous sommes entrés dans une nouvelle ère de l’orthographe ! Le monde de l’éducation s’accroche en effet aux mathématiques, à la maîtrise des langues, à la connaissance de l’histoire.
D’autres voudraient crétiniser le monde. Comme vous, j’ai choisi mon camp, mais je suis fier que ce ne soit pas le même que le vôtre.
Apparemment vous ne pesez pas encore bien lourd face aux lobbies des producteurs de pâte à papier et des éditeurs scolaires : on continue à ne pas se préoccuper de voir des bouts de choux trimballer 10 bouquins de 300 pages chacun dans un sac plus large qu’eux-mêmes… Et les écrans tactiles et stylets associés qui permettent une prise de note manuscrite aussi “naturelle” que sur papier… Même pas besoin de parler de “révolution numérique” ici, juste d’ergonomie, d’esprit pratique et de santé publique ! Mais bon … Plutôt que d’enfiler des chaussures en cuir et de prendre un bus, on peut continuer à aller à pied dans ses sabots de bois jusqu’à l’ecole, c’est plus sportif et ça sent le terroir …
10 bouquins de 300 pages ? Bigre ! Il va dans quelle école votre gosse ?
Des sabots de bois! On en vend encore dans votre quartier?!
Par contre, la marche (et le vélo), oui, c’est mieux pour la santé. Faire du sport permet par ailleurs d’oxygéner le cerveau.
Il serait bon aussi de s’intéresser à la santé publique en regardant les effets négatifs de l’utilisation prolongée des écrans tactiles par les enfants.
Tiens, le lobby des tablettes tactiles 100 fois plus chères que les livres débarque avec ses gros sabots…
Les enseignants eux-mêmes ne sont pas clairs avec le numérique.
Il y a ceux qui n’en veulent pas (trop compliqué, trop de remise en cause de “Moi, Gand dispensateur du savoir”, trop d’efforts à fournir …).
Il y a ceux qui se la jouent (fastoche le numérique, c’est l’alpha et l’oméga du savoir, quoâââ, façon de se distinguer des autres-forcément ringards ces autres).
Heureusement, les élèves, étant bien meilleurs que leurs professeurs, savent faire le tri entre l’utile et le superflu du numérique à l’école (àl’ecole seulement, hélas …).
Comment écrire autant d’ânerie en aussi peu de phrases ? Vous visez sans doute le Guinness Book.
c’est sûr, troll ou simili troll, c’est un métier…
L’objectif de ces startups est, et on le comprend, de faire de l’argent, pas d’éduquer les enfants. Quiconque s’est essayé aux MOOC peut témoigner de la difficulté d’apprendre quelque-chose de nouveau sans interaction humaine. Il est par ailleurs prouvé scientifiquement qu’un enfant n’apprend pas le langage en regardant une personne sur un écran, et à l’inverse apprend, voyant la même personne en chair et en os. C’est comme cela, il faut en prendre acte.
Pour autant l’informatique est excellente pour proposer des exercices aux enfants, même répétitifs, ceux-ci y prenant souvent plaisir. Rien de bien compliqué en somme.
Ne rendons pas la machine compliquée et incompréhensible aux enfant (reconnaissance vocale/de forme imparfaite, avatars, etc…) c’est source de frustration aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Laissons la machine à sa place et utilisons là pour faire ce qu’elle sait faire de mieux, proposer des exercices plus ou moins ludiques encore et toujours, sans se lasser, et se taire quand on lui demande.
L’article était nuancé, présentait une situation intéressante: une réflexion intelligente sur les nouvelles technologies, leur place dans l’éducation.
Malheureusement, les commentaires montrent que certains lisent mais ne comprennent pas ce qu’ils lisent. Ils veulent juste asséner leur vérité, indépendamment du traitement du sujet.
Ce n’est pas le cas de celui de jerome, premier commentaire intéressant que j’ai lu (mais je n’ai pas fini, il y en a peut-être d’autres).
Bonjour,
“Le monde de l’éducation (pas le journal) s’accroche à des savoirs qui sont en passe de disparaître ou en profonde mutation : math et informatique, littérature et video, méthode d’acquisition de l’information…”
Je trouve ce type de commentaires bien naïfs et très loin des réalités pédagogiques du terrain.
Je suis enseignant en mathématique, formé en Physique Fondamentale, et je fais partie de ceux qui utilisent le plus le numérique au collège.
– séances d’exercices et problèmes interactifs en classe ou à la maison,
– constructions, conjectures de propriétés avec des logiciels de géométrie dynamique,
– apprentissage de la programmation,
– simulation de phénomènes probabilistes ou autres avec des petits programmes informatiques etc
Malgré tout je constate une chose :
Les élèves qui réussissent le mieux à l’école de la république sont ceux dont les parents imposent le minimum de numérique à la maison et encouragent la lecture, l’effort physique (par le sport), les découvertes artistiques (apprentissage de la musique ou autre), tout ce qui a rapport avec l’ouverture au monde et à la culture.
La réussite de mes élèves est, sans conteste, inversement proportionnelle au temps qu’ils passent devant les écrans en dehors du temps scolaire.
Ce constat est en accord avec une étude de l’OCDE qui affirme :
“Les pays les plus performants sont « non seulement les pays les plus en pointe des technologies numériques mais également ceux qui intègrent le moins ces mêmes technologies numériques en classe, […] ceux dont les élèves utilisent le moins l’ordinateur à la maison pour le travail scolaire ».
Demandez aux étudiants en classes préparatoires, en médecine, à l’ENA, et autres grandes écoles s’ils doivent leur réussite à l’utilisation du numérique. Vous serez surpris.
Les jeunes couillons qui s’imaginent plus performant intellectuellement que les anciens parce qu’ils savent mieux surfer sur le web et les réseaux sociaux oublient que le développement du numérique s’est fait grâce à des chercheurs en mathématiques, des physiciens, des ingénieurs, des techniciens aujourd’hui à la retraites.
On peut aujourd’hui résoudre des problèmes mathématiques complexes, qui nécessiteraient plusieurs décennies à la main, grâce aux ordinateurs, mais les chercheurs en mathématiques continuent et continuerons pour autant d’utiliser davantage le stylo et le tableau blanc pour poser et résoudre leurs problématiques.
La phase de numérisation et de programmation n’a rien de bien sorcier.
Le numérique est un miroir aux alouettes en raison des fortunes réalisées par quelques grandes entreprises sur le net qui masquent les savoirs et savoirs faire nécessaires pour arriver à un tel degré de technologie.
Mais l’utilisation de ces technologies n’a rien extraordinaire.
Même les animaux de laboratoire utilisent des outils numériques dans le cadre de recherche sur le comportement animal.
Et pour reprendre une formule de RICH COOK,
“Aujourd’hui, la programmation est devenu une course entre le développeur, qui s’efforce de produire de meilleures applications à l’épreuve des imbéciles et l’univers, qui s’efforce de produire de meilleurs imbéciles.
Pour l’instant l’univers à une bonne longueur d’avance.”
De bonnes fêtes de fin d’année à toutes et à tous,
Christophe
Merci : tout est (bien) dit et ça fait du bien de voir qu’on commence à sortir un peu de la pensée magique concernant ces “outils”. On peut espérer que tout le monde, bientôt, se remette au boulot sérieusement (avec le gain d’efficacité que nous permettent les progrès technologiques, bien sûr) : on assez perdu de temps.
L’apprentissage de la programmation peut être un formidable outil d’apprentissage. Cela a été relevé par Seymour Papert il y a une trentaine d’années. Mais cela demande un effort, y compris de la part des enseignants. Et aussi une formation des enseignants.
Enfin un titre d’article qui remet les choses dans le bon ordre et que nos gouvernants feraient bien d’entendre, eux qui, en grande majorité, pensent qu’en ayant équipé les établissements de tablettes (!), les problèmes des élèves seront enfin résolus comme par magie ! J’ajouterais qu’une telle démarche, non seulement ne résoudra aucun problème surtout si les enseignants ne sont pas formés, mais même les aggravera car seul les élèves (qui sont ceux qui ont déjà le moins de difficultés) capables de prendre du recul sur les outils numériques en tireront bénéfice pendant que les autres verront leurs difficultés demeurer par manque d’un accompagnement adapté.
De nombreux parents travaillant dans la Silicon Valley envoient leurs enfants dans de très chères écoles privées où le numérique est purement et simplement banni… Et pendant ce temps en France, on pense qu’une tablette à elle toute seule va faire réussir nos enfants…Cherchez l’erreur !
Aujourd’hui retraité, après avoir utilisé, en classe, l’outils à fortes doses, pendant une quinzaine d’années je suis autorisé à avoir plusieurs avis. J’ai ainsi retrouvé le plaisir d’enseigner, je l’ai partagé. Les élèves n’étaient pas meilleurs mais plus passionnés, moins passifs, moins dans le refus. Cependant l’aspect numérique ne les attirait pas et je crains que l’aspect magique ne prevale. L’informatique n’est alors qu’un outil (mysticisme ?) et non une méthode complexe certe mais efficace. “Je ne sais pas mais il est plus facile de croire”
Pour moi, la meilleure façon de maîtriser la technologie est de savoir (et pouvoir) s’en passer. Quant à dire que le Net concurrence la connaissance, certes elle la partage, comme elle partage l’obscurantisme et les raccourcis.
En gros, ayons toujours les yeux ouverts et ne considérons que la forme ne résoudra jamais les problèmes de fond. En l’occurrence, pour savoir utiliser un ordinateur, il faut savoir lire, écrire ou compter. Et ça, ça ne s’apprend pas avec une machine.
Techniquement, pour savoir écrire avec un ordinateur, vous n’avez pas besoin de savoir former vos lettres correctement (pages d’écritures, totu ça) ni de savoir écrire sans fautes (je pense au – très nombreux – dyslexique ou dysorthographiques qui sont mis en situation d’échec alors qu’un passage au correcteur orthographique les mettrait à niveau… et leur permettrait de se consacrer à apprendre des choses plus utiles que “je suis nul”)
Techniquement toujours, l’utilisation de la technologie ne vient pas toute seule. Les 15-25 ans d’aujourd’hui ont globalement une très mauvaise maîtrise des outils informatiques, quoi que vous puissiez en penser. Mais vu qu’on a toujours pensé que ça allait leur venir spontanément en tant que “digital natives”… autant croire que dormir en utilisant un dictionnaire comme oreiller permet d’apprendre!
J’ai lu dans un numéro de Courrier International que les enfants des grands patrons de la Sillicon Valley vont le plus souvent dans des écoles où on n’utilise pas d’ordinateur ni tablettes et où les élèves se font confisquer leur téléphone portable le temps des cours. J’enseigne dans une école qui forme aux métiers du numérique et je constate également que ceux qui réussisent le mieux sont tout simplement ceux qui font des efforts pour travailler, qui essaient de comprendre un problème et sa solution en se détachant de l’ordinateur; Dans mon ancienne vie d’informaticien en entreprise j’ai toujours constaté que la mise en place de services informatiques dans des organisations avec des malfonctionnements ne faisait que rendre les problèmes d’organisation plus aigus.
Bien entendu je suis pour que l’on utilise le numérique à l’école pour favoriser le processus éducatif mais non pas comme cache misère à tous les problèmes fondamentaux de notre système éducatif.
Ravie d’apprendre que certaines entreprises ont enfin compris que le numérique n’était qu’un moyen et non une fin en soi.
Ce sujet illustre à merveille à quel point le discours des politiciens est superficiel et se limite à aligner des éléments de langage. En ignorant systématiquement ce qui vient du terrain.
prof de réseau en BTS, j’atteste que les apprenants n’apprenent plus, et se reposent sur les algorithmes de google pour réfléchir à leur place.
Solution
->on n’utilise pas les PCs, on travaille sur papier
-> et là bizarrement, il y a des restes après le travail.
Sinon, google propose des solutions toutes faites, pourquoi se compliquer la vie.
Je ne comprends pas ces bidules technologiques. Le bidule est plein d’astuces à connaitre pour le faire fonctionner, on l’utilise dans une espèce de danse des mains, ça dure cinq minutes, ça mobilise l’attention pour lancer un logiciel, un outil informatique, qui est plus ou moins adapté au travail recherché; il faut comme se former. Cela dure des semaines pour chopper les réflexes, un peu comme un jeu vidéo, où il faudrait passer quelques passages difficiles avant d’arriver dans un endroit calme. On peut aller loin dans l’outil informatique, il y a la programmation, on se rend compte que l’on peut adapter l’outil informatique, réduire le plus possible les clics, avoir un programme compliqué mais une démarche très simple pour l’utiliser, en fonction de ses habitudes. Moi, ce qui me gêne, c’est que c’est souvent très compliqué, il faut connaitre les logiciels sur le bout des doigts, le navigateur internet n’a plus de secret, une page internet compliquée, un site internet plein de trucs chiants, je vais dans le code source pour trouver ce qui m’intéresse, le lien caché que je ne trouve pas dans la page internet; c’est légal, il suffit de connaitre le HTML (langage hypertext). On peut connaitre des logiciels sur le bout des doigts, c’est un peu comme un jeu, c’est comme une histoire, un dessin animé, que l’on a dans la tête, des petites astuces que l’on a appris au fur et à mesure, des passages difficiles dans le jeu où on a trouvé l’endroit où passer. J’ai du mal à apprendre avec l’outil informatique, mon attention est mobilisée par le bidule technologique, je vais beaucoup plus vite avec un papier et un crayon, des livres autour, une grande table, internet est pratique pour imprimer; on consacre une heure pour trouver une petite information, je trouve que c’est plus pour dépanner.
Bonjour,
L’article commençait bien avec le titre: “Le numérique pour l’éducation : un moyen, pas une fin.”
Puis dès la première phrase: “En matière d’éducation, «la technologie n’a jamais résolu aucun problème.»” Un peu vrai, mais les éducateurs ont le devoir d’apprendre les jeunes à utiliser la technologie de leur temps. Et elle évolue vite. Les éducateurs n’ont pas fini de demander des formations.
Nous ne savons pas et les jeunes non plus, quelles technologies émergeront dans 20 ans. Ma génération ne sera peut-être plus là, mais ceux qui seront dans la vie active devront être réceptifs.
Lorsque j’étais élève il y a quelques décennies, il m’est arrivé de penser que le prof ne connaissait pas grand chose de la vie active, et de me taire. Il était plus important de réussir sagement les interros pour passer plus vite cette étape. Adulte, je confirme que l’enseignement aussi est un moyen, pas une fin.
sur le même sujet, voir la vidéo (en anglais) sur la chaine youtube veritasium : déjà Edison disait que l’invention du disque enregistrable permettrait de se passer d’enseignants..on a dit la même chose pour la cassette, le CD, le DVD…
Dans ma classe (physique lycée) j’utilise le numérique .. pour des choses que lui seul peut faire: animations, analyse de vidéos, etc… et cela suffit. c’est un outil parmi d’autres, point (auquel, comme d’habitude, les enseignants doivent se former tous seuls, hélas… les formations dispensées étant souvent insuffisantes, ou au contraire supposant que vous avez du matériel high-tech et pas des vieux PC qui rament; ou que tous les élèves ont un PC en libre accès à la maison, ce qui n’est pas vrai..)
En tant qu’ingénieur, et compagnon d’une étudiante (en psychologie) je me sens obligé d’apporter ma contribution.
Et globalement, je ne suis pas d’accord.
Les technologies sont à la fois un moyen (plusieurs, même) et une fin.
– Un moyen d’améloirer l’efficacité par des algorithmes? Peut-être.
– Les cours à distance permettrait aussi de limiter la saturation physique des amphis. Je pense que les TD devraient continuer à être fait en présentiels, pour permettre à l’enseignant de capter la communication non verbale, qui me semble essentielle dans ce type d’exercice, supposé bidirectionnel. Mais dans un CM (cours magistral), par nature et de facto unidirectionnel, quel intérêt à faire se déplacer plusieurs centaines de personnes ?
– A ceux qui pensent – comme je l’ai longtemps fait – que l’écriture manuscrite est plus importante, ou plus noble, ou plus utile (on apprend différemment quand on compose les lettres à la main), à ceux-là donc je ne repondrai même pas un mot, mais juste un préfixe: dys-
– On apprends mieux par l’essai et erreur sans pression (sans peur de l’échec).
– Les cerveaux des mammifères sont “pré-câblés” pour apprendre par le jeu.
– Ces deux derniers points (qui sont souenus par une part singificative de la communauté des psychologues en cognitif et/ou neuroscience) plaident clairement pour une utilisation des serious games. Le monde professionnel s’y met. Et l’éducation?
Mais les technologies sont aussi une fin, surtout dans les études supérieures: lorsque les étudiants arriveront dans le premier emploi, toutes les belles compétences manuelles qu’ils ont passé des année à apprendre ne vaudront pas tripette! Les professionnels utilisent les outils informatiques (en particulier) pour gagner en efficacité et en productivité. Bien sûr c’est mieux de savoir ce que fait le logiciel, mais au final, n’est-il pas plus pertinent d’apprendre à s’en servir correctement?
Deux exemple issus de la fac de psychologie:
– On demande à des étudiants de faire passer des entretiens à des sujets, puis de retrascrire les entretiens à l’écrit, puis de faire l’analyse de champs lexical à l’aide de … surligneurs de couleurs avant de faire le travail d’analyse des résultat en lui-même. Temps estimé (par l’enseignant) : 7 heures de travail par heure d’entretien. On pourrait utiliser un logiciel de retranscription (je pense à un animal mythologique…) puis un logiciel d’analyse open-source… Ne resterait à faire que le travail final d’analyse, celui qui compte. C’est ce qu’on ferait dans un vrai projet de recherche bien entendu, mais à la fac, les étudiants ne sont pas formés à cette pratique… d’ailleurs on leur interdit de l’utiliser. Pourquoi? Parce que eux-même en ont bavé pour apprendre à le faire ainsi? Parce que “les jeunes savent se servir des outils informatiques tous seuls bien assez tôt” ? (vous seriez surpris sur ce dernier point… )
– Les statistiques. Les étudiants de cette fac de psychologie feront au cours de leur trois année licence près de 150 heures de TD de statistiques (sans aucun cours, parce que ‘il n’y a rien à savoir il faut juste appliquer le formulaire’ (sic) ). Comment justifier ce temps pour apprendre à faire des calculs qui seront de toutes façons faits par des logiciel à partir de la première année de master (sans même parler du monde professionnel) ? Réponse: parce qu’il y a trop d’étudiant en première année et que les licences logicielle coûteraient trop cher.
Le numérique au service de la pédagogie, est-ce vraiment efficace et à quel point? Et est-ce que les élèves vont vraiment se concentrer avec tous ces afflux d’informations qui sont susceptibles de les captivés durant les cours.
@taf, bonjour, c’est bien parce que “tous les élèves n’ont pas un PC en libre accès à la maison”, qu’il est important que l’école les familiarise à la technologie. Jeunes, ils apprennent plus vite.
J’ai dû apprendre à un âge avancé. En entreprise, pas le choix. Toutes les demandes de formations ne correspondant pas au métier stricto sensu, sont rejetées. Sauf matériel conformé aux besoins particuliers et pour harmonisation. Nombre de mes collègues ont eu des difficultés à s’adapter, les diplômes ne justifient pas à eux seuls l’occupation d’un poste si l’on ne maîtrise pas la technologie qui désormais l’accompagne. Cette maîtrise est devenue un nouveau moyen de discrimination.
L’éducation doit prendre en compte ce nouveau contexte, on se fout que soient bien enseignées les sciences, si elle produit des jeunes inadaptés à entrer dans les métiers qu’ils auraient choisi.
Le numérique pour l’éducation : un moyen, pas une fin en soi. Cette maxime est aussi valable dans bien d’autres domaines mais cela a déjà des répercussions sur les organisations de toutes nos entreprises et administartions……Il faut preparer les eleves au digital car cette technique sera au coeur des emplois de demain : voir uber, AIRBNB, Amazone, …..mais aussi tous les services proposés en ligne ou sur un mobile : declaration d’impot, achat d’un billet SNCF/d’avion, consulter son compte bancaire, ……. L’EN doit familiariser ces eleves avec le digital et vivre avec son temps. Il n’y a aucune difficulté, il faut absolument pratiquer et les jeunes ado, post ado sont tres competents donc a voir avec eux et meme les faire participer à cette vulgarisation. C’est promordial et c’est maintenant. Sinon, l’EN continuera d’etre à la traine et à se lamenter.
D’autre part, utiliser le numerique oblige à modifier l’approche d’enseignement, puisque un certain nombre de calcul peuvent etre fait automatiquement en ligne. Plutot que de revenir au papier/crayon ( une regression) , utilisons le numerique
pour sortir de tout un savoir livresque guere utilisable en entreprise et proposons aux eleves des mises en situation proches de ce qu’ils feronsdans un stage en entreprises.