La culture maker se diffuse aussi à l’université

La culture maker se diffuse aussi à l’université

Le FacLab de l’université de Cergy © Ophelia Noor

Créatifs et écolos, bricoleurs et bidouilleurs, amateurs de bons vieux tournevis comme d’imprimantes 3D… Tels sont les makers, ces Géo Trouvetou du XXIe siècle qui vont se retrouver, du 9 au 11 juin, à la Cité des Sciences et de l’Industrie pour l’édition 2017 de la Maker Faire Paris. Née aux Etats-Unis au début des années 2000, la culture maker se développe depuis quelques années en France : implantée au départ dans des lieux alternatifs, elle a peu à peu gagné les institutions. Après les entreprises, les grandes écoles et les universités intègrent cette nouvelle manière de penser et d’agir.

Plus que des TP renouvelés

« Do it yourself » (Faites-le vous-même) et « learning by doing » (apprendre en faisant) : ces deux principes du mouvement maker trouvent une traduction concrète dans les fablabs qui se multiplient dans les établissements d’enseignement supérieur. Certains n’y voient que le renouvellement des traditionnels ateliers, présents depuis des décennies dans les formations scientifiques et techniques. Cependant, rappelons tout d’abord que les fablabs concernent tous les cursus et que c’est à l’université de Cergy, établissement pluridisciplinaire, que le premier fablab français, baptisé « Faclab », a vu le jour en 2012.

Par ailleurs, si nombre d’écoles d’ingénieurs se sont dotées de ce type d’espaces, les business schools ne sont pas en reste : les étudiants sont invités désormais à modéliser leurs idées et à construire des prototypes, autrement dit de réaliser, par exemple, le nouvel emballage d’un produit sans se contenter de l’imaginer. Cela permet aux futurs managers de se confronter à la réalité concrète des matériaux et d’en appréhender les contraintes. Moins que la fabrication du prototype lui-même, ce sont des compétences liées à l’ouverture d’esprit et au travail en équipe que cherchent à développer les écoles, soucieuses de former des diplômés parlant le même langage que les designers et ingénieurs avec lesquels ils seront amenés à travailler.

En outre, au-delà de l’aspect concret de fabrication et au-delà des fablabs eux-mêmes, la diffusion de la culture maker dans les écoles et universités va dans le sens d’une approche pédagogique qui met l’accent sur la dimension collaborative et le partage des savoirs, tout en s’attachant à favoriser l’esprit d’innovation des étudiants. C’est ainsi que l’EM Lyon a fait évoluer en 2016 sa signature pour afficher sa volonté de former des « early makers », des jeunes capables d’être « acteurs et entrepreneurs de leur existence, dans une démarche collaborative ».

Formations dédiées

Outre cette diffusion de la culture maker au sein de cursus classiques, quelques établissements d’enseignement supérieur mettent sur pied leur propre formation. En décembre 2016, l’université de Rennes 1 a créé la LabFab School Mobility : labellisé grande école du numérique, ce programme, accessible sans condition de diplôme, s’adresse aux jeunes en décrochage ou en échec scolaire, afin de les former « au développement d’applications mobiles et à la maîtrise des fondamentaux de la culture maker, au croisement de l’informatique et de l’électronique (imprimante 3D, open source, objets connectés, montage Arduino…) ». Gratuite, cette formation fondée sur l’expérience et la pédagogie par projet a accueilli sa première promotion d’une quinzaine d’étudiants qui pourront obtenir un DU (diplôme d’université) de niveau bac+1.

Autre initiative – émanant cette fois du privé et moyennant des frais 6.000 € par an – l’école Adimaker va voir le jour à la rentrée 2017. Créée par les trois écoles d’ingénieurs d’Yncréa Hauts-de-France HEI, Isa et Isen, cette formation en deux ans s’adresse aux bacheliers plutôt scientifiques (S, ES, STI2D, STL, STAV) ainsi qu’« aux étudiant(e)s en quête de réorientation dans des filières aux modalités plus adaptées à leurs attentes et envies ». Là aussi, la « pédagogie active » et « l’esprit maker » s’affichent comme les fondements de ce nouveau programme.

En ciblant des « curieux » et des « passionnés », ces formations mettent en avant l’argument du plaisir, tentant ainsi de dépasser le dilemme auquel nombre de jeunes sont confrontés au moment de s’orienter : choisir entre « fun » et « safe ».

 

5 Responses

  1. Spectator says:

    Festival de l’anglicisme inutile…

  2. Elbarto says:

    Pauvre langue française…

  3. Alexandre says:

    C’est une excellente chose.

    Avec l’explosion de l’usage de l’imprimante 3D et la lutte car le gachi carbone, ces jeunes, une fois sur le marché du travail seront confronté aux bouleversement de la chaîne de distribution avec une relocalisation des unités de production.
    Ils y aura très certainement de nouveau métier de développement / conception en circuit court.

    C’est l’avenir !

  4. Robin Lambert says:

    Intéressant et positif.
    Par contre : “Cependant, rappelons tout d’abord que les fablabs concernent tous les cursus et que c’est à l’université de Cergy, établissement pluridisciplinaire, que le premier fablab français, baptisé « Faclab », a vu le jour en 2012.”
    =>Attention, l’Artilect à Toulouse date de 2009 (http://www.artilect.fr/1819-2/), et je suis presque sûr qu’il y en a plusieurs qui se sont créés en France avant 2012.

  5. Suggestion says:

    Avant de s’occuper de l’esprit d’innovation des étudiants, il faudrait s’assurer qu’ils aient les connaissances de base. C’est loin d’être le cas.

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