Sciences Po à Facebook, ou l’effet « hackathon »

Sciences Po à Facebook, ou l’effet « hackathon »

hackathon

Mais que diable vont-ils faire à Facebook ? Plus attendus dans les couloirs du ministère des affaires étrangères que chez Mark Zuckerberg, les étudiants de Sciences Po Paris s’apprêtent à passer quarante-huit heures dans les locaux parisiens du réseau social pour un « hackathon ». Autrement dit, ils vont se creuser les méninges pendant deux jours pour imaginer comment renouveler les politiques publiques. Loin d’être isolé, cet événement est emblématique de l’expansion de ces compétitions venues du monde informatique.

Pour les codeurs… mais pas seulement

En effet, au départ, un hackathon vise à mettre en compétition des développeurs de manière à résoudre un problème informatique, ce mot-valise étant forgé à partir de la contraction des termes « hacker » et « marathon ». Le principe ? Faire émerger de nouvelles idées et concrétiser celles-ci à travers la réalisation d’un prototype en un temps assez court, en s’appuyant sur deux principaux ressorts : la collaboration et la créativité.

Institués au sein de start-up et d’entreprises comme Facebook ou Google, les hackathons se sont peu à peu étendus à des domaines divers (la sécurité à Paris, la parité, etc.) et ont notamment essaimé dans les universités et les écoles, sous la forme de challenges étudiants.

D’après une étude réalisée par la start-up BeMyApp, un participant sur cinq est un étudiant. En 2016, au moins 40 000 étudiants ont participé à un hackathon. Si les Anglo-Saxons figurent parmi les pionniers, la France se place au cinquième rang des pays organisateurs, avec un total de 196 événements organisés en 2016.

Si la plupart des hackathons mobilisent d’abord des geeks, les designers et marketeurs sont désormais largement présents dans ces manifestations. Et au-delà des écoles d’ingénieurs et formations en informatique (l’ENSIBS, l’IUT de Belfort-Montbéliard, l’Ecole 42), d’autres établissements s’y mettent : Sciences Po, donc, mais aussi l’Essec ou l’ENA, qui ont participé l’année dernière, avec l’Ecole 42, à un hackathon pour imaginer les services proposés par la plate-forme du nouveau compte personnel d’activité.

« Un participant à un hackathon sur cinq
est un étudiant. »

Challenges créatifs

En général, les sujets sont proposés par des entreprises ou institutions : les hackathons reprennent le modèle éprouvé des projets étudiants, en mettant l’accent sur l’intelligence collective et en concentrant l’événement sur quelques jours.

Pour les entreprises, ces événements sont un moyen non seulement de résoudre une problématique à laquelle elles sont réellement confrontées, mais aussi de dénicher de jeunes talents. En effet, au-delà des connaissances ou compétences techniques, voir des étudiants plancher sur un projet permet d’évaluer d’autres aspects de leur personnalité, comme la créativité, le leadership ou la capacité à travailler en équipe : ce que l’on appelle les “soft skills”.

D’autres utilisent ce système comme un moyen de communication, tel le syndicat professionnel Syntec numérique avec le Day Click qui visait à mieux faire connaître et, surtout, redorer le blason des métiers de ses adhérents, alors que les société de services et d’ingénierie en informatique (SSII) souffrent d’une mauvaise image auprès des jeunes.

Hackathon Air France - novembre 2016 © BeMyApp / FlickR

Hackathon Air France – novembre 2016 © BeMyApp / FlickR

A côté de ces partenariats, certains établissements d’enseignement supérieur organisent directement leur événement, par exemple pour impliquer les étudiants dans l’amélioration de la vie de campus, comme à Toulouse.

Côté étudiants, participer à un hackathon est l’occasion de mettre ses compétences théoriques à l’épreuve d’un projet réel et de valoriser cet investissement sur un CV. Le tout dans une ambiance festive et avec l’excitation de travailler nuit et jour sur un projet.

Dès lors, de marathon de hackers, les hackathons sont bien souvent devenus des challenges créatifs. A ceci près que plane un léger et délicieux sentiment de transgression puisqu’il s’agit bien de « hacker » un système ou un produit. Loin d’être anodin dans le processus de créativité, le terme ancre implicitement dans les esprits l’idée d’abandonner ses a priori et de ne pas donner de limite, conditions nécessaires de toute innovation.

4 Responses

  1. Pierre says:

    Et ils sont payés pour leur travail ?
    et ils garderont un droit d’auteur sur leurs idées ?
    … ou bien, sous couvert de ‘fun’, et d’expérience, c’est du vol pur et simple, de l’exploitation à la Uber-Macron ?

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    Photos de Albert Formacolor Ettori

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    Albert Formacolor Ettori‎Albert Ettori

    15 h ·

    ..
    A l’heure où “l’hyper” puissance”, pour reprendre le qualificatif d’Hubert VEDRINE, se dote d’un nouveau président qui “clive à tout va”….peut-être qu’un point de vue Sociétal Formacolor ou FORMACOLOR SOCIETAL s’impose-t-il…?
    Pour suivre la marche du monde depuis mes études à Sciences Po (où la lecture du journal LE MONDE au quotidien était quasiment obligatoire (accessoirement l’épais MONDE DIPLOMATIQUE) jusqu’à cette vie de créateur artistique qui aujourd’hui est mienne, toujours ce même souci de l’information et de la curiosité intellectuelle…avec si possible à la base une analyse politique de qualité… ?

    Ce qu’il faut retenir de cette élection américaine et cette intronisation d’hier 20 janvier, par delà la masse de glose qui ne manquera pas de l’accompagner dans la presse mondiale, c’est que cette victoire “populiste” règlera son compte pour des années à ceux qui, au bas de l’échelle sociale n’auront qu’à continuer de trimer, sans espoir de voir leur sort s’améliorer (n’oublions pas que la politique, par delà les enjeux de Pouvoir, a aussi ce rôle).
    L’idéologie, fonctionnant comme à l’ordinaire comme un masque, met en avant ce bras tendu vers “The People” (ce peuple auberge espagnole…): ça ne vous rappelle rien ?…
    Un matamore, élu en partie par les citoyens des zones désindustrialisées (il faudra bien un jour revenir à une analyse des causes des Totalitarismes… ? ), sans la majorité des suffrages mais avec celle des Grands Electeurs, fait taire un journaliste (voir video officielle), parce que, sans aucun doute, ce dernier n’avait pas posé la bonne question: ça ne vous rappelle rien ?…
    Ce n’est pas à nous qui depuis plus d’une décennie, avons mis en scène dans “Sous Le “Solei Du Pouvoir” huile sur toile 55 x 33 cm appartenant à la prestigieuse Série – Manifeste ” Pour ART DE L’EXTREME / GEST’ART la nature et la logique des dirigeants suprêmes des Nouveaux Conglomérats (notre terminologie, qui renvoie aux Années Trente) qu’il faudra faire le reproche de ne pas avoir vu plus loin que le bout de notre nez… .
    Je souhaiterais indiquer par ailleurs, que dans ce pays dont Alexis de TOCQUEVILLE a tiré De la démocratie en Amérique, les grands capitaines d’industrie (hier ROCKFELLER, qui a construit avec sa fortune pétrolière / tours dont les deux tours jumelles, aujourd’hui les Donald J TRUMP towers, demain d’autres….) ont toujours eu LE §LA politique à leur main…parce qu’il y va de leurs intérêts !
    S’agissant d’un pays Empire, qui intervient là où bon lui semble sur un mode léonin, force est de croire que DEMAIN: CE SERA LA GUERRE.
    Work in progress….

    Wait § see… .

  3. Peut-on s’interroger sur le fait que le hackathon sciences-po se passe dans les locaux de FB lorsque l’on sait l’importance du flux d’informations via FB dans le positionnement et les choix politiques des jeunes?

  4. Curieux says:

    Ce qui est sympa avec le hackaton, c’est que l’entreprise fait travailler des gens sans les payer. Ils ont trouvé comment dépouiller les gens de leurs idées sans les dépouiller de leur sourire.

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