La recherche en éducation, un investissement d’avenir

La recherche en éducation, un investissement d’avenir

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Aussi incroyable que cela puisse paraître, le montant investi par l’Etat dans la recherche et développement en éducation était jusque récemment méconnu : « le ministère de l’Education nationale n’a pas de budget dédié à la R&D », constatait il y a un an François Taddéi, directeur du CRI (Centre de recherches interdisciplinaire) de l’université Paris Descartes, chargé par la ministre Najat Vallaud-Belkacem d’une mission visant à « rapprocher le monde de la recherche et le système éducatif ». En octobre 2016, lors d’une journée consacrée à la formation, la recherche et l’innovation pédagogique, le chercheur rappelait que la nation consacre 2,4 % de ses ressources à la R&D. « En éducation, plaidait-il alors, nous pourrions aussi investir 2,4 % des moyens dans la R&D ».

Las ! En présentant son rapport « Vers une société apprenante », le 27 mars 2017, François Taddéi a indiqué que les études réalisées depuis par le ministère, montrent que « les budgets investis dans la recherche en éducation sont 20 à 30 fois inférieurs à ceux consentis dans le secteur de la santé. Et ce, alors que la dépense publique est identique », insiste le chercheur.

« Les budgets investis dans la recherche en éducation sont 20 à 30 fois inférieurs à ceux consentis dans le secteur de la santé. »

Développer la recherche dans les écoles et universités…

Dans ce contexte, « intensifier la recherche sur l’éducation » fait partie des dix propositions avancées dans le rapport rendu à la ministre. En particulier, le numérique apparaît comme un outil pour nourrir les travaux de recherche et développement en éducation – sous contrôle de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés). En effet, l’analyse des traces d’apprentissage (les learning analytics) peuvent permettre de mieux comprendre comment on apprend, à quel rythme, suivant quelle progression…

Par ailleurs, le développement de la recherche en éducation peut passer par la création de chaires internationales dédiées à cette thématiques, idée qui intéresserait notamment les universités de Strasbourg et Paris Saclay.

Autre possibilité avancée par François Taddéi : positionner les futures « écoles universitaires de recherche » sur le domaine de l’éducation. Le troisième volet du programme Investissements d’avenir prévoit en effet d’attribuer 300 millions d’euros à ces nouvelles structures, sortes de « graduate schools » à la française, qui iraient du master au doctorat.
Cette idée s’inscrit dans le mouvement du SoTL (Scholarship of Teaching and Learning) qui consiste, pour les enseignants, à faire de la recherche sur leur propre pédagogie. Venue du monde anglo-saxon, cette pratique réflexive commence à se développer en France. « A Singapour, constate François Taddéi, les deux tiers des établissements ont un collectif de recherche en éducation, sans que cela ne soit obligatoire. Nous devons créer des dynamiques où la recherche se met au service de l’apprentissage ».

…mais pas seulement

Au-delà des enseignants et des chercheurs, il s’agirait aussi de sensibiliser les étudiants, en particulier ceux qui sont amenés à devenir eux-mêmes enseignants. Plus largement, le rapport ambitionne d’inclure davantage d’acteurs autour de la recherche en éducation, sur le modèle de ce qui se fait notamment en santé : « l’articulation entre recherche biomédicale, formation des personnels et politiques publiques contribue à nous doter d’une des plus grandes longévités en mobilisant toutes les disciplines et tous les acteurs, dont les patients et leurs familles ».

Appliquée au domaine de l’éducation, cette recherche participative pourrait contribuer à construire une « société apprenante », définie comme « une société où tous les potentiels individuels et collectifs se réalisent grâce à une formation de qualité dès la petite enfance et tout au long de la vie ». Reste à voir comment le prochain gouvernement se saisira des propositions émises dans ce rapport.

Actualisation du 6 avril 2017

Le ministère a publié les résultats d’une “enquête nationale sur les forces de recherche impliquées dans le champ de l’apprentissage et de l’éducation”, réalisée en décembre 2016.  Si celle-ci conclut que “la recherche en éducation en France en 2016 s’avère importante tant au plan quantitatif qu’au plan qualitatif”, 1.800 enseignants-chercheurs au plus travaillent dans ce domaine, soit 3 % des effectifs.
D’autre part, il ressort de cette étude que le champ de la recherche en éducation est “fortement multidisciplinaire” mais aussi très “émietté”, les chercheurs étant souvent isolés. Enfin, il apparaît que la question des processus d’apprentissage constitue une préoccupation dominante dans les travaux, en lien avec la psychologie, l’informatique et la didactique.

4 Responses

  1. Bruno Leroux says:

    Est-ce vraiment une découverte ? Je me souviens d’avoir lu il y a quelques années une étude montrant que la France était, en matière de numérique, un des pays qui privilégiait le plus le “hardware” (pour un conseil général, inonder les collèges d’ordinateurs, c’est visible donc rentable politiquement), et très peu le “software”, contrairement à d’autres pays. Et ladite étude citait un exemple absurde du résultat, dans un domaine qui est pourtant une obsession française: les recherches les plus abouties sur des logiciels de correction orthographique vraiment intelligents sont faites par d’autres pays francophones.

  2. un physicien says:

    Une recherche remarquable a été faite en maternelle par C. Alvarez. L’Education Nationale a … REFUSE d’évaluer les résultats …

  3. franco emmanolito benito gianluca du fion de la marinade de la pina says:

    nouvelle lubie “l’apprentissaqe par projet” ,
    après les mooc/foad ,supression des notes , des devoirs personnels , l’abandon de la grammaire , les filieres post bac dépotoires pour baisser le taux de chomage , absence d’évaluation de la qualité et de la pertinence pédagoqique et professsionel des parcours proposés
    tout passe
    il restera toujours une sélection par le QI pour les sciences dures et un filtre par le pognon pour les pseudosciences (commerce,scipo,média,arts etc )
    ce qui finalement est rassurant
    il y aura toujours une détermination et un crible discirminant pour évaluer les meilleurs des plus mauvais …

  4. jenny says:

    Ai trouvé article intelligent et décalé de @bernard jomard sur les consensus qui nous sont présentés pour nous inciter à investir dans tel ou tel sociétés http://bernard-jomard.com/2016/08/03/investisseurs-devez-vous-suivre-le-consensus/

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