Mooc : la gratuité à l’épreuve de la réalité

Mooc : la gratuité à l’épreuve de la réalité

A l’aube de la rentrée universitaire, quelle est aujourd’hui la place des Mooc dans notre système ? Cinq ans après la création des premières plateformes américaines, les impératifs économiques vont-ils avoir raison de l’idéal de démocratisation du savoir promis à leurs débuts par ces cours massifs et ouverts ? Si l’engouement pour ce nouveau type de formation était sans doute excessif, on assiste aujourd’hui à une évolution en profondeur de l’offre proposée par les plateformes de diffusion.

Certes, les Mooc gratuits perdurent, participant de la stratégie globale de marque des universités et des écoles. Cependant, contrairement à ce que l’on entend parfois et alors que les étudiants continuent à chaque rentrée d’affluer vers les universités, les Mooc sont loin de constituer la solution aux amphis bondés : en effet, le public qu’ils séduisent avant tout, et qui représente la majorité des inscrits, n’est pas constitué de jeunes en formation initiale, mais de salariés déjà en activité. Par ailleurs, les plateformes doivent trouver leur business model comme le montre l’exemple d’une des plus importantes d’entre elles : Coursera, créée en 2012 à Stanford.

Du gratuit au payant

Au-delà des certifications payantes mises en place depuis plusieurs années, Coursera s’apprête à lancer à la rentrée un programme de HEC totalement en ligne qui permet à des étudiants intéressés par l’innovation et l’entrepreneuriat de suivre le cursus à distance et d’être in fine diplômé de la prestigieuse école, sans jamais s’être rendu sur le campus de Jouy-en-Josas.

Le partenariat prévoit qu’une partie des frais de scolarité, fixés à 20.000 € par an, sera reversée à Coursera. En contrepartie, HEC, qui a investi entre quatre et cinq millions pour créer ce cours, entend bénéficier de la visibilité de la plateforme qui revendique 26 millions d’utilisateurs. « Beaucoup d’universités souhaitent nouer des partenariats avec nous, souligne Jeff Maggioncalda, le CEO de Coursera, parce que nous leur permettons d’atteindre de nouveaux utilisateurs qu’elles n’auraient jamais touchés autrement ».

Le créneau de la formation professionnelle

Autre créneau désormais investi par la plateforme : la formation professionnelle, avec la création, il y a un an, de « Coursera for business », qui permet aux entreprises d’avoir accès à un catalogue de 1 800 cours.  90 organisations utilisent aujourd’hui cet outil. Parmi elles, le groupe Axa a signé un partenariat avec Coursera qui va permettre à ses 165.000 salariés de se former via la plateforme à partir de fin septembre.

« Nous avons pré-sélectionné plus de 300 cours, essentiellement autour de la transformation (design thinking, méthodes agiles, data science…), qui viennent compléter notre offre », explique Stéphanie Ricci, responsable formation d’Axa. A ses yeux, la plateforme présente plusieurs avantages : « elle est non seulement intuitive et facile d’utilisation, mais aussi modulable » dans la logique de l’ATAWAD (« any time anywhere any device »), puisqu’on peut venir se former quand on veut, où l’on veut, sur son ordinateur ou son téléphone. Autre intérêt selon Stéphanie Ricci : la « dimension sociale » apportée notamment par le système de chats et d’évaluation par les pairs.

Pour autant, Axa continue à « avoir des stratégies ciblées avec certaines universités, mais l’offre de Coursera est beaucoup plus large, poursuit la responsable. C’est une façon de démocratiser les cours universitaires » poursuit la responsable du groupe qui ambitionne de devenir « une entreprise auto-apprenante » en « [nourrissant] l’appétit d’apprendre propre à chaque être humain ».

De son côté, Coursera estime qu’il s’agit d’une évolution naturelle : « les vidéos gratuites sont toujours disponibles mais nous avons étendu notre modèle, indique Jeff Maggioncalda qui préfère parler de partenariat plutôt que de concurrence avec les universités. A défaut d’avoir suffisamment développé leur offre de formation professionnelle, celles-ci doivent désormais compter avec une plateforme comme Coursera, mais aussi d’autres francophones comme Coorpacademy ou Openclassroom.

19 Responses

  1. Fermigier says:

    Beaucoup d’approximations et de raccourcis dans cet article.

    Coursera, par exemple, n’a pas été fondé par “Harvard et le MIT” (vous confondez sans doute avec EdX).

  2. dino says:

    Le libre, le gratuit, c’est évidemment satisfaisant, surtout pour ceux qui n’ont pas envie de payer, mais il faut se rendre à l’évidence : lorsqu’on est du côté du producteur, ça ne remplit pas le frigo et ça ne paie pas la maison.

    Étudiant, j’étais comme les autres : en adoration devant les logiciels libres, pour le partage sans limite de toute connaissance, gratuitement. Et puis j’ai grandi. J’ai un travail, qui mérite un salaire, et ça me dérange d’autant moins de payer pour un produit que, d’une part, je me mets à la place du producteur qui, comme moi, a besoin de vivre, et d’autre part le service est en général meilleur, et la qualité des logiciels aussi.

  3. welemane jp says:

    Coursera – AXA – le fric à ne pas manquer dans la formation qui s’évapore des universités gratuites. Of course.
    1. Jusqu’à présent, le principe des moocs était la gratuité.
    2. La ” blogeuse” est-elle intéressée à cette propagande ?

  4. mumuche says:

    Le titre de l’article annonce une discussion sur l’insertion des MOOCs dans le système éducatif. Au final, on se retrouve avec de la publicité pour Coursera. Y a-t-il des cours en ligne sur l’éthique dans le journalisme ?

  5. Aquinze says:

    Hosannah au plus haut des cieux !

  6. Olivier says:

    N’importe qui ayant l’expérience des cours de 1e année universitaire savait très bien que le MOOC n’était absolument pas la forme de cours adaptée pour ce type de public. Les incompétents du ministère voulait absolument suivre la dernière mode pour justifier leur existence, mais il est clair que le MOOC s’adresse à un public mature et motivé.

    • dino says:

      Je dirais que ça dépend des filières ou des matières enseignées : sur certains sujets informatiques, un MOOC ne me semble pas aberrant par exemple. Mais c’est sûr que, d’après mon expérience (d’étudiant) des cours de fac et d’école d’ingé, et aujourd’hui des MOOC, je trouve que les MOOC sont assez bien adaptés à de la formation professionnelle, où l’on a déjà des connaissances sur le sujet ou un sujet connexe, et on se met à jour (et on est motivé pour ça, effectivement). Pour un étudiant, rien ne remplacera jamais le contact direct avec un (bon) prof.

  7. anonyme says:

    Ce n’est pas Coursera qui a été créée en 2012 par Harvard et le M.I.T. mais plutôt edX. Coursera a été fondée par deux enseignants de Stanford.

  8. Gandee says:

    Intéressant.

    L’éducation en MOOC est une solution mais aujourd’hui elle est couteuse et la qualité n’est pas assez contrôlée.

    Pour les universités ? Oui. Je pense qu’au moins une partie des cours pourront être dispensé en MOOC si le matériel et infrastructure sontt à niveau. Trop souvent, les cours à distance sont faiblichons en qualité.
    Ensuite, ils demandent du multisupport.
    IL faut aussi des regroupements qui ne sont pas encore proposé par les MOOC.
    C’est une autre technique pédagogie mais que j’ai testé et qui est très efficace.

    Mais surtout, ces cours en vidéos, permettent de rattraper les cours manqués en présentiels ou à des élèves qui travaillent de pouvoir jongler. Un problème de santé, et hop, au lieu de contaminer tout le monde on regarde le cours de chez soi. Ca permet aussi aux auditeurs libres de ne pas avoir à se déplacer et de suivre tous les cours le soir.
    C’est une façon de travailler différente mais qui je pense qu’il est le train de l’avenir le plus efficace.

    Je suis en train de méditer tout un système éducatif mixte grâce à cette évolution de la pédagogie à un niveau national et européen.
    (c’est bien beau d’avoir des idées mais il faut pouvoir les transformer en structures de masse pour faire des économies et c’est le plus difficile).

    Bref, l’enseignement par vidéo, c’est l’avenir mais cela demande encore un peu de temps de maturation. Tant que le Ministère de l’Informatique transversal à toutes les administrations n’est pas institutionnalisé, c’est inutile d’y penser. Ça va être couteux et peu productif. Les initiatives locales sont une perte de temps et d’argent pour la France à ce stade.

    On a déjà toute la structure ou presque de prête mais pour la maintenir en l’informatique, l’Etat doit se placer au niveau “ministériel” et pour qu’elle puisse être généralisée, il faut aussi ce ministère, sinon le Big data sera sous utilisé et trop couteux.

    Et donc la Première Marche c’est “le Ministère de l’Informatique” avec son “secrétariat en système d’information et développement”.

    Bien à vous,

    MARIANNE.

    • N. says:

      > Mais surtout, ces cours en vidéos, permettent de rattraper les cours manqués en présentiels ou à des élèves qui travaillent de pouvoir jongler.

      Non, les MOOCS doivent être uniquement vu comme des cours de culture générale (parfois assez poussée dans leurs domaines respectifs) mais (du moins ceux que j’ai suivi ~15aine) ne peuvent absolument pas remplacer un cours magistral ne serait-ce que de L1 (en tous cas pas un cours de L1 scientifique tel qu’effectué en France).

    • Olivier says:

      “On a déjà toute la structure ou presque de prête mais pour la maintenir en l’informatique, l’Etat doit se placer au niveau « ministériel » et pour qu’elle puisse être généralisée, il faut aussi ce ministère, sinon le Big data sera sous utilisé et trop couteux.”

      Quand on vous lit, on se dit que vous feriez mieux de suivre des MOOC plutôt que d’en concevoir.

  9. DK says:

    Je ne pense pas que les MOOC permettent des apprentissages nouveaux mais plutôt des approfondissements/perfectionnements sur des sujets déjà connus.

    Ce sont des personnes déjà formées sur le sujet qui peuvent s’y rendre, pas des néophytes complets.

  10. Florent says:

    Il me semble que Coursera a été lancé par 2 professeurs de Stanford (Andrew Ng et Daphne Koller) et n’a rien à voir avec le MIT ou Harvard.

  11. Bertrand says:

    Voilà un article sans objet au titre inutilement décourageant qui s’adresse aux étudiants fortunés (20000 euros les frais de scolarité HEC) ou aux salariés en formation des grands groupes ce qui n’est pas le sujet, la formation existe depuis longtemps.
    On me dit que le grand problème de la France c’est le chômage de masse alors pourquoi ne pas utiliser les MOOC pour contribuer à le résorber. Moi je suis preneur.

  12. mercure says:

    Les cours en amphi n’ont plus lieu d’être, la solution audio visuelle est bien meilleure et beaucoup plus économique. Mais ces cours doivent être accompagnés de nombreux travaux dirigés, pour vous aider à comprendre ce que vous n’avez pas compris et pour vérifier que vous avez tout compris. Plus vous êtes en début de formation plus cet aide doit être importante.

    • Pluton says:

      Tout à fait. Ça permettrait de gazer ces millions de profs qui n’ont plus lieu d’être. Et au lieu d’aller dans leurs poches, l’argent de leurs salaires reviendrait dans celles des actionnaires des entreprises de MOOC-Cour-en-Ligne-Solutions-Performantes-Innovantes, ce qui est quand même plus légitime, vu qu’ils n’ont rien fait pour le mériter à part être déjà riches, et qu’il faut récompenser la réussite, et pas tenter de sauver les losers.

  13. RB says:

    L’intégration d’un MOOC dans les cursus d’enseignement supérieur marche, mais elle demande une réflexion préalable et un suivi https://twitter.com/R_Bachelet/status/874590592956870656

  14. Lucas Grimont says:

    Merci pour cet article intéressant, à mes yeux très subjectif.

    Si j’ai bien compris sons sens, la principale problématique est de savoir si les moocs peuvent aider au désengorgement des amphis de fac, sans nuire aux résultats des étudiants ayant faitr ce choix.

    A mon tour de donner un avis subjectif, j’ai envie de dire oui !
    Oui, un étudiant peut avoir de meilleurs résultats qu’un autre, sans mettre les pieds à la FAC.

    Il me semble que c’est vraiment très subjectif et lié à son expérience personnelle.
    Dans mon cas, j’ai eu la 3ème année de licence en allant à 1/3 des cours à tout casser. A l’époque, je ne comblis pas avec du E-Learning mais profitais tout simplement de la vie. J’ai eu ma licence alors que d’autres élèves allant en cours one redoublé.

    Un constat simple et injuste qui rappelle une notion simple : on est tous différents

    Je suis donc persuadé que certains étudiants en E-Learning peuvent tout à fait réussir leurs études, tout en acquérant des connaisances et compétences plus utiles, pratiques.

    De plus l’article est assez orienté États-Unis, là une année dans le suppérieure coûte en moyenne 20 000$ contre 500€ chez nous (à la fac).
    Les plateformes LMS américaines et françaises ne cont pas forcément choisir le même modèle économique.

    Pour ma part, je pense que l’offre française est bonne, dans une réelle démarche de démocratisation de l’enseignement.
    Cette offre ne convient pas à tous, comme tout produit.

  15. Christian says:

    Les MOOCs sont confrontés aux mêmes difficultés que l’enseignement par correspondance et en premier lieu la motivation de l’apprenant. Par contre ils présentent de nombreux avantages liés à la numérisation du contenu et à la rapidité des échanges sur le Net.

    Le CNED et le CNAM ont tout à gagner à construire leurs enseignements sous forme de MOOCs. Le travail des enseignants peut d’ailleurs devenir plus intéressant. L’organisation décentralisée d’épreuves surveillées (hors temps de travail) et l’attribution de crédits ECTS permettraient de transformer une offre de formation vieillissante. L’immense majorité des enseignements universitaires peut également évoluer vers ce nouveau format.

    Les MOOC peuvent répondre à de nombreux besoins d’adaptation et de perfectionnement des adultes. Ils offrent un vraie chance d’acquisition de compétences et d’évolution professionnelle à qui accepte d’y consacrer un peu de temps.

    C’est d’ailleurs sur ce dernier point que les MOOCs atteignent leurs limites. Combien de gens acceptent réellement de faire l’effort de suivre régulièrement un MOOC jusqu’à l’examen final ? Le format court du MOOC est pourtant le mieux adapté si on le compare aux autres formes d’enseignements à distance, souvent dispensés sur une année universitaire.

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