Ce que l’intelligence artificielle peut apporter à l’éducation

Ce que l’intelligence artificielle peut apporter à l’éducation

Entre promesses, fantasmes et peurs, l’intelligence artificielle constitue désormais un « enjeu majeur » pour notre société, comme l’a rappelé le secrétaire d’Etat chargé du numérique Christophe Sirugue, à l’occasion du dévoilement de la stratégie « France IA », le 21 mars 2017. D’ici dix ans, 1,5 milliard d’euros pourrait être investi dans ce domaine qui touche l’automobile, la finance, la sécurité, mais aussi l’éducation.

En 2012, un site américain listait déjà les 10 manières dont l’intelligence artificielle pourrait réinventer l’éducation :
1. Automatiser les activités de base dans l’éducation comme les évaluations
2. S’adapter aux besoins des élèves
3. Aider les enseignants à améliorer leurs cours
4. Créer des tuteurs virtuels pour les élèves
5. Faire un retour utile aux enseignants et aux élèves
6. Changer notre rapport à l’information et notre façon d’interagir avec elle
7. Modifier le rôle des enseignants
8. Rendre l’apprentissage par essai et erreur moins intimidant
9. Changer la façon dont les écoles trouvent, forment et aident les étudiants
10. Transformer les lieux d’apprentissage et la manière d’apprendre

Cette thématique de l’intelligence artificielle a ainsi été très présente lors de la conférence Futur-edu, organisée le 22 mars 2017 par LearnSpace, nouvelle structure fondée par Svenia Busson, qui ambitionne d’être « un hub dédié au changement éducatif ».

Personnaliser l’éducation

Plusieurs start-up travaillent en effet sur les algorithmes qui pourraient transformer notre manière d’apprendre, notamment en personnalisant l’apprentissage : c’est là, semble-t-il aujourd’hui, l’apport le plus pertinent et le plus abouti de ces technologies.

Lalilo utilise ainsi l’intelligence artificielle et la psychologie cognitive pour créer un assistant pédagogique pour les professeurs des écoles, afin de permettre aux élèves en difficulté d’apprendre à leur rythme en classe. Ambitieux, le projet vise à « mettre fin à l’illettrisme en France, tout simplement », comme le dit son fondateur Laurent Jolie, qui au-delà de la formule, rappelle que « 20 % des enfants arrivant en sixième ne savent pas lire ».

De son côté, Domoscio a développé une solution d’apprentissage adaptatif (adaptive learning) qui combine des algorithmes et les recherches en sciences cognitives pour proposer des parcours individualisés qui permettent à l’élève d’avoir un retour sur son apprentissage. Utilisée dans l’enseignement supérieur mais surtout aujourd’hui par des entreprises, cette technique se fonde sur l’analyse de données, notamment le machine learning (des algorithmes capables d’apprendre par eux-mêmes) et le deep learning (faisant intervenir des réseaux de neurones à plusieurs niveaux). Positionné comme le concurrent de la start-up américaine Knewton, Domoscio tisse depuis quatre ans son chemin dans le monde de la formation et est désormais reconnue par la Commission européenne, le ministère de l’Education nationale, l’Agence nationale de la recherche et la Banque publique d’investissement.

Dans un autre domaine, la start-up Peter a développé un chatbot du même nom : ce robot conversationnel s’attache à mettre en relation des élèves entre eux sur la messagerie instantanée Messenger pour qu’ils s’aident à faire leurs devoirs. D’après son fondateur Jean-Sébastien Wallez, Peter affiche aujourd’hui 400.000 élèves et 1 million de partages.

« L’intelligence artificielle, vous n’allez pas y échapper »

« L’intelligence artificielle, vous n’allez pas y échapper », affirme Charles Tijus, professeur de psychologie cognitive et directeur du laboratoire Lutin (Laboratoire des usages en technologies d’information numériques) de l’université Paris 8. Qui souligne cependant l’importance de la prise de recul et de la réflexion nécessairement humaine sur notre propre apprentissage. « Tout ne peut pas être analysé et évalué », renchérit Ivan Ostrowicz, co-fondateur de Domoscio. Et de donner l’exemple de la voiture autonome de Google qui, pour être l’une des premières illustrations concrètes et extrêmement convaincantes de l’utilisation de l’intelligence artificielle, est encore loin d’être parfaite, notamment face aux usagers particuliers que sont les cyclistes.

Plus que de craindre un hypothétique remplacement des profs par des robots, c’est certainement davantage dans l’interaction homme-machine que se joue le futur de l’éducation.

6 Responses

  1. fps says:

    Plus besoin de profs ? Plus besoin d’élèves : des IA peuvent les remplacer

  2. Matth says:

    Entre les points tellement abstraits qu’on ne voit pas vraiment le rapport avec l’IA (même quand on y travaille, un comble) et les points redondants qui n’apportent rien de plus, comme les 9 et 10 qui veulent dire la même chose et ne font que la synthèse des points précédents, ou encore dire qu’on utilise le machine learning ET le deep learning alors que le dernier est un cas particulier du premier, vous pouvez aussi ajouter à la liste de départ “approximations” et “ignorance”.

    Comme quoi, entre candidats à la présidentielle et marketeux, il n’y a plus beaucoup de différence.

  3. Le Meur says:

    Je trouve ce texte entièrement fait de propagande progressiste. Par exemple la conclusion : “Plus que de craindre un hypothétique remplacement des profs par des robots, c’est certainement davantage dans l’interaction homme-machine que se joue le futur de l’éducation.”.

    Est-ce qu’il est répondu à la crainte (qui n’est pas discutée) du remplacement des profs par des robots ? En quoi le futur (dont le caractère “inévitable” est toujours clamé par ceux qui y ont intérêt ou qui y _croient_ (c’est un des problèmes des _progressistes_ qui y croient, ce qui ne devrait pas dispenser d’argumenter sauf entre séides). C’est avec une telle _foi_ dans _le Progrès_ que la gauche était favorable à la colonisation à la fin du XIXème. Et que certains ont rejoint le maréchal en 40 ! Méfions-nous des prophètes.

  4. Denis says:

    L’article est tout à fait caractéristique de la situation médiatique actuelle concernant l’intelligence artificielle… Voici une analyse assez fine de cette situation (en anglais) http://approximatelycorrect.com/2017/03/28/the-ai-misinformation-epidemic/

    • Seb Autonome says:

      Mouais, je reste quand même sceptique sur la question. Mais en même temps le niveau scolaire baisse tellement en France, qu’il faudra peut-être s’en remettre à l’IA pour essayer de relever la barre

  5. Rfaugere says:

    Comme pour l’approche “blended learning” l’IA & co doivent permettre de rapprocher le meilleur du digital et de l’humain au sein d’une même solution : http://www.beameelearning.com/

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