Réinventer l’école, une idée pas si folle

Réinventer l’école, une idée pas si folle

©Judith Grumbach – Horizons Productions

Des élèves qui observent de petites bêtes à la loupe, d’autres qui se font faire à tour de rôle des exercices de calcul mental, d’autres encore qui tentent de verbaliser leurs émotions… Et surtout, des visages souriants, qui rayonnent même : voilà ce qui frappe dans le documentaire Une Idée folle réalisé par Judith Grumbach.

Initié par l’association Ashoka qui réunit des entrepreneurs sociaux, le projet consistait au départ à produire de courtes vidéos sur neuf établissements, de la maternelle au collège, où l’on apprend autrement « Devant la richesse de la matière récoltée, nous avons produit un film », raconte la jeune réalisatrice.

Former des citoyens

De statuts différents (public ou privé, hors ou sous contrat, école Montessori, expérimentale ou sans label particulier), ces établissements partagent la même vision d’une pédagogie active, qui cherche non seulement à transmettre des savoirs mais à véritablement les ancrer pour développer des savoir-faire et des savoir-être. La trame du film fait ressortir les notions clefs qui sous-tendent les projets éducatifs de ces établissements : personnaliser l’enseignement et motiver les élèves, faire émerger leur créativité, favoriser la collaboration et surtout le bien-être des élèves à travers une vision citoyenne de l’école qui constitue même « la colonne verticale de ces établissements », insiste Judith Grumbach, soulignant qu’« un citoyen ne se forme pas avec une heure d’éducation civique par semaine et une semaine de lutte contre le racisme et l’antisémitisme par an… »

Un projet global qui n’empêche en rien de respecter les programmes scolaires : ici, une belle écriture arrondie égrène les lettres de l’alphabet sur les murs – comme dans n’importe quelle classe de CP ou CE1 – tandis qu’ailleurs, de très sérieuses divisions et autres camemberts s’affichent au tableau. Le film veut montrer que, contrairement à certains a priori, la bienveillance peut se conjuguer à l’exigence, et qu’il ne s’agit en rien d’une éducation au rabais.

« Contrairement à certains a priori, la bienveillance peut se conjuguer à l’exigence »

Un parti pris positif

Bien sûr, le documentaire est construit à partir d’un parti pris positif : « les écoles du film ne sont pas représentatives de la diversité du paysage éducatif national », reconnaît Judith Grumbach qui met surtout en avant le point commun de ces établissements : « l’ensemble de l’équipe pédagogique est engagée dans le projet ». L’investissement des enseignants est en effet central pour réussir à transformer l’éducation, et ceux du film sont particulièrement exemplaires.

D’autres rencontrent des difficultés, avec leur hiérarchie, leurs collègues ou les parents, pour mettre en œuvre une pédagogie différente, constate Thomas Blettery, directeur éducation chez Ashoka France, qui assume le « choix de parler de ce qui marche ». Alors que le film est diffusé lors de projections citoyennes, un peu partout en France, « nous espérons ouvrir un débat sur l’éducation à la hauteur des enjeux », ajoute Judith Grumbach.

Dépasser le cercle des personnes convaincues par les bienfaits d’une pédagogie différente en montrant, concrètement, à quoi pourrait ressembler l’école de demain : voilà l’objectif de ce film qui utilise la force des images pour faire passer ce message. Des images non dénuées de tendresse, quand un petit garçon de cinq ans à qui l’on demande ce que fait un délégué de si important répond avec sa bouille craquante : « un délégué, ça parle… »

34 Responses

  1. SIAP says:

    Merci, nous tenons enfin LA solution, novatrice et inédite.

  2. sergio says:

    On connaît depuis un siècle ces pédagogies merveilleuses où les enfants développent avec extase leur créativité bienheureuse: Pestalozzi, Montessori, Steiner etc. etc. Rien à dire, les enfants réussissent et sont heureux.
    Le seul hic est qu’habitués à ne faire que ce qui leur plaît, quand ca leur plaît, ce sont de parfaits inadaptés dans la société des adultes, incapables de discipline personnelle et collective, incapables de se conformer à la pire des tyrannies sociales qui, pourtant, est inévitable: le temps limité. J’en ai connu plus d’un, ils échouaient tous contre la montre.

  3. mt17 says:

    créativité… collaborer…

    Tiens, on dirait la novlangue des GAFA 😉

    lol

  4. Bicou says:

    “Le bien-être des élèves à travers une vision citoyenne de l’école” (sic) : depuis que le pédagogisme a commencé à faire ses ravages en France dans l’école publique – pas loin d’une quarantaine d’année – voilà assez précisément le slogan qui a été proclamé, haut et fort, avec les résultats (!) que l’on connait…
    Alors moi je veux bien que l’on nous ressorte le même “wording”, mais si c’est pour aggraver ce qui a déjà été tenté, et annihiler ce qu’il reste d’espoir, nous ne sommes hélas pas arrivé au fond !
    Parce que “bien-être” et “citoyenneté” ne valent strictement rien si les marmots ne savent ni lire ni écrire ni compter ni écouter la voix de l’autorité en arrivant au collège (tous les 4, dans l’ordre ou dans le désordre). Tout le reste n’est que bourrage idéologique périmé (la fin de l’article est d’ailleurs terrifiante à ce propos, quand nous comprenons bien qu’être un “délégué” est “si important” quand on a 5 ans ! “La force des images pour faire passer ce message” (sic), tout est dit !).

  5. Yannick L says:

    Il est à la fois très simple et impossible de réinventer l’école.

    Il “suffit” d’y réintroduire les notions de travail, d’effort et de savoir.
    Les socio-démagos des pseudos sciences de l’éducation sont contre. Les syndicats sont contre et tous les ministres (droite ou gauche) à la remorque des précédents sont donc contre.
    L’EN est morte et enterrée par près de 50 ans d’imbécillité culturelle.
    Tirez le rideau, la comédie est terminée.

    • Yannick L says:

      P.S. J’ai oublié l’OCDE-PISA et sa vision des “élèves/variable d’ajustement du marché du travail”.

    • Verner says:

      Merci pour votre commentaire, tout est dit.

      On baigne en pleine idéologie alors que l’apprentissage intellectuel n’est en rien différent de l’apprentissage d’un sport, d’un art, d’un métier.

      Je trouve effarant qu’un quotidien comme le Monde reprenne sans recul critique la novlangue pédagogiste. Pense-t-il qu’avec ces pratiques l’EN forme ses futurs lecteurs ?

      • Yannick L says:

        Cela fait des années que le Monde ne fait que répéter la démagogie des sectaires dogmatiques adeptes des pseudo sciences de l’éducation.

    • Toto says:

      Pour les syndicats, informez vous, deux sont contre, tout le reste est plutôt en phase avec ce que vous dites…Les rapports de force sont beaucoup plus compliqué que ce que vous ne le croyez.

    • Hup says:

      Propos ridiculement ineptes.

  6. Jeanne says:

    Pourriez-vous nous parler de la catégorie socio-professionnelle des parents qui envoient leurs enfants dans de telles écoles (privées pour la plupart), de la quantité de livres présents à la maison, du temps que les enfants sont autorisés à passer devant un ordinateur/une console/une télévision ?

    Et une fois que tout cela aura été précisé, pourriez-vous nous parler du pourcentage de telles familles en France ? Plus proche de 1% ou de 2% ?

    Enfin, pourriez-vous nous dire ce que sont devenues ces écoles et l’atmosphère qui y règne après qu’elles se soient implantées à la cité des Courtilières à Pantin, aux 4000 à la Courneuve, aux Minguettes et j’en passe, et qu’elles aient dû accueillir, comme toutes les écoles PUBLIQUES, tous les élèves en âge d’être scolarisés dans leur bassin de recrutement ?

    Merci beaucoup.

  7. Jacques GEFFARD says:

    simpliste yaka

  8. Jacques GEFFARD says:

    laissons faire les enseignants le grand yaka

  9. un physicien says:

    Oui il est possible d’améliorer fortement notre école, et pas forcément en y mettant plus d’argent, mais en promouvant les expériences positives, en motivant les enseignants et en les formant. Pas en multipliant les écrans.

  10. arthur_pym says:

    Le libéralisme au sens large dans toute sa splendeur, ou comment les lubies soixante-huitardes se mettent au service du capital : “verbaliser les émotions, savoir-être, personnaliser, motiver, créativité, collaboration, bien-être, vision citoyenne”… L’entreprise de décérébrage se poursuit : form(at)ons de parfaits crétins tout juste bons à consommer. La télé-réalité et le salafisme ont de beaux jours devant eux.

  11. malo says:

    Qu’on n’oublie pas qu’ils sachent lire et écrire en sortant de l’école, et surtout qu’il soient capables de comprendre un texte (et ce qui veut dire)

  12. Résistant says:

    Cette notion de “nouvelle” école est l’une des plus ancienne qui soit. Elle puise sa source chez Schumpeter. Pour le capitalisme, le mot schumpeterien par excellence est celui de “création destructrice” : un produit doit être innovant afin de rester compétitif sur un marché donné. Tout ce qui est ancien devient donc de facto obsolète. C’est la raison pour laquelle le clown Vincent Peillon dans ses années de cirque auprès de l’éducation nationale n’arrêtait pas de réciter ad nauseam ” in-no-va-tion”…
    Il va de soi que pour les professionnels de l’éducation que la pédagogie n’est pas un produit qui se vend ou s’achète, et les emballages numériques, Moociens, inversés n’ont que peu ou pas de rapport avec le contenu d’un enseignement. Mais nous avons là affaire à la croyance la plus dangereuse : le fait que la gauche bobo-pedago ait adopté le vocabulaire du capitalisme le plus sauvage ne cesse de nous étonner. Vive l’école nouvelle ! Enfin des enfants motivés par powerpoint, les prezzi et des coachs sans parole ni conviction ! Bienvenue au pays d’absurdie.

  13. Emmanuelle Schade says:

    Je crois surtout que les enfants devraient avoir plus de temps “vraiment” libre. Qu’on leur lise des histoires et des histoires qui leur permettent de rêver et de fantasmer et de puiser dans leur imagination. De là vient la création. Evidemment, l’enseignement scolaire est là pour trancher le vrai du faux et c’est là que tout bascule dans la réalité. Pas de place pour les nouveautés.

  14. Tintin says:

    Je trouve sûil n’y pas de travail suffisant concernant l’expression orale .L’ecrit seul ne permet pas de maîtriser la langue maternelle ou la langue du pays et c’est pourtant grâce à ellle que les enfants peuvent penser et organiser leur pensée .Pour qu’il y ait expression orale ayant valeur organisionnelle ,il faut à mon avis qu’elle soit efficenient sur du lien ,ayant aussi connotation affective ,en particulier avec l’enseignant .Sans lien pas de transmission de savoir .L’oral SVP …..

  15. Bicou says:

    “Le bien-être des élèves à travers une vision citoyenne de l’école” (sic) : depuis que le pédagogisme a commencé à faire ses ravages en France dans l’école publique – pas loin d’une quarantaine d’année – voilà assez précisément le slogan qui a été proclamé, haut et fort, avec les résultats (!) que l’on connait…
    Alors moi je veux bien que l’on nous ressorte le même “wording”, mais si c’est pour aggraver ce qui a déjà été tenté, et annihiler ce qu’il reste d’espoir, nous ne sommes hélas pas arrivé au fond !

  16. Bicou says:

    “Bien-être” et “citoyenneté” ne valent rien si les marmots ne savent :
    1) ni lire
    2) ni écrire
    3) ni compter
    4) ni écouter la voix de l’autorité
    (tous les 4 dans l’ordre ou dans le désordre).
    Tout le reste – quelque bienveillant veuille-t-il paraître – n’est que bourrage idéologique périmé.
    Pour finir, la fin de l’article est d’ailleurs quelque peu terrifiante : nous comprenons qu’être un “délégué” est “si important” quand on a 5 ans !
    “La force des images pour faire passer ce message” (sic), tout est dit !

  17. moi says:

    Un article qui met du baume au cœur !
    Je partage ici le nom de Mme Alvarez et son expérience très concluante dans une classe de maternelle en ZEP.
    La clé du miracle : la bienveillance. Le cerveau heureux et épanoui se développe bien mieux que le cerveau piégé dans les dogmes et verrouillé par la peur de la mauvaise note.
    Mélangez les âges dans la classe : que les grands confirment leur savoir en le transmettant aux petits.
    Proposez des ateliers et laissez les enfants choisir leur activité, on travaille mieux sur un sujet qui nous intéresse que sur un sujet imposé.

    • Yannick L says:

      Continuez vos rêves éveillés. La réalité n’en a que faire.
      Et pendant ce temps, la réalité continue de détruire l’Ecole.

      • Yves says:

        Nous attendons tous avec impatience vos propositions pour reconstruire l’école “détruite” dont vous parlez.

      • moi says:

        la réalité c’est que des gens se bougent pour construire autre chose et le proposer, c’est ce que je voulais partager ici avec l’expérience de Céline Alvarez à Gennevilliers.
        Ne soyez pas si pessimiste, désabusé et résigné : le monde est vivant et ses habitants remuent encore.

    • Pas vraiment. says:

      Laissons les enfants libres de faire ce qu’ils veulent, ils vont tout apprendre, enseigner les uns aux autres, etc….

      Ce n’est qu’un rêve !

  18. moi says:

    Pas la peine de publier celui-là du coup mais pourquoi permettre les commentaires si c’est pour ne pas les publier ?!
    Passer de 20+ com à 3 c’est très moyen …

  19. ramecourt says:

    Développer des savoirs-être? Ah? Parce que ETRE ça ne suffit pas ? Savoirs-être? par exemple:
    – Fais rire toute la classe ?
    – Se révolte face à une autorité injuste ?
    – Va à l’encontre de la consommation et du libéralisme ?
    – Dénonce les médias pourris et achetés par les copains de EM ?

    C’est ça “savoirs-être” ?

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