La réalité virtuelle va-t-elle révolutionner l’enseignement ?

La réalité virtuelle va-t-elle révolutionner l’enseignement ?

© Virtuality

Depuis l’arrivée sur le marché, à l’automne dernier, de l’Oculus Rift, de Vive et de PlayStation VR, la réalité virtuelle connaît un intérêt croissant. Tiré par l’industrie des jeux vidéo, le marché pourrait atteindre 80 milliards en 2025 et le premier salon Virtuality dédié à cette nouvelle technologie se tient à Paris, du 24 au 26 février 2017.  L’enseignement supérieur n’échappe pas à cet engouement.

Entraînement des futurs médecins

Parmi les exposants présents sur le salon, Strate Ecole de design, qui forme des designers de réalité virtuelle, mais aussi iLumens, le centre de simulation en santé de l’université Paris Descartes qui utilise la réalité virtuelle pour former les futurs médecins.

Depuis quelques années, des équipements de pointe ont en effet vu le jour dans les facultés de médecine pour permettre aux étudiants de s’entraîner à effectuer les gestes médicaux. Objectif : répondre à l’injonction de la Haute autorité de Santé : « jamais la première fois sur un patient ». Parmi les différentes techniques de simulation, la réalité virtuelle offre la possibilité de s’immerger dans un environnement extrêmement réaliste et d’interagir avec des mannequins robotisés.

Implication des étudiants

Si les facultés de médecine sont aujourd’hui les plus avancées en la matière, d’autres formations comment à utiliser la réalité virtuelle pour l’apprentissage, en particulier les écoles de commerce.

Neoma Business School est la première à s’être lancée dans l’expérience, en développant une application qui plonge les étudiants dans un magasin de téléphonie mobile. Objectif : leur permettre d’observer une situation de vente et comprendre le fonctionnement du magasin et de l’atelier de manière plus vivante et concrète qu’en lisant une simple étude de cas. D’après la responsable du Teaching and Learning Center de Neoma Marie-Laure Massué, la réalité virtuelle augmente la motivation des étudiants en les impliquant dans le processus d’apprentissage – au même titre, d’ailleurs, que d’autres pédagogies actives.

Au-delà de ce premier projet, la réalité virtuelle doit aussi permettre d’accéder à des environnements dangereux ou difficilement accessibles : les exemples de plateformes pétrolières ou de centrales nucléaires sont souvent mis en avant par Neoma ou encore l’Essec, qui s’apprête également à lancer son application à la rentrée prochaine, afin de confronter directement les étudiants à une situation complexe, avant d’aborder la partie conceptuelle d’un cours.

« 5.000 € pour 5 minutes de contenu »

Coût financier et risques de nausées

Reste que la réalité virtuelle demande un investissement financier important : Benjamin Six, directeur de l’innovation au K-Lab de l’Essec, estime à 5.000 € le coût de création de 5 minutes de contenu.

Fruit d’un projet beaucoup plus vaste, l’université de Caen, soutenue par l’Etat et la Région, a néanmoins pu se doter d’une salle immersive, au sein d’un bâtiment qui a coûté plus de 3 millions d’euros. Depuis 2015, les chercheurs et enseignants du Cireve (Centre interdisciplinaire de réalité virtuelle) travaillent sur des reconstitutions diverses afin d’étudier aussi bien l’architecture des monuments de la Rome antique que le comportement de malades d’Alzheimer au sein du mémorial de Caen.

La salle immersive du Cireve 5 © Université de Caen Normandie, CIREVE

La salle immersive du Cireve © Université de Caen Normandie, CIREVE

Autre limite : les nausées provoquées par cette technologie chez certaines personnes, appelée « cybersickness » ou cinétose, par analogie avec le mal des transports. Une sensation désagréable liée au fait que le cerveau perçoit la discordance entre la perception visuelle et celle de l’oreille interne. D’où un temps d’utilisation de la réalité virtuelle nécessairement réduit.

Cela dit, quelques secondes suffisent parfois, par exemple, pour savoir si l’on est sujet au vertige ! C’est ainsi que le projet Virtualiteach permet à celui qui chausse le casque de s’élever sur une nacelle de manière à pouvoir travailler sur la charpente d’un bâtiment, comme si on y était. Testé par des élèves de lycées professionnels de la région nantaise, ce projet leur permet d’apprendre certains gestes, mais aussi de se rendre compte s’ils sont vraiment faits pour ce type de métier.

Dès lors, qu’il s’agisse d’orientation ou de formation, de médecine, d’histoire ou de marketing, la réalité virtuelle vient enrichir la palette d’outils dont disposent aujourd’hui les enseignants, sans se substituer aux bonnes vieilles pratiques pédagogiques, éprouvées depuis des années. Mais en offrant indéniablement quelque chose de plus : une expérience des plus fascinantes.

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10 Responses

  1. Pat Cartier says:

    La réalité virtuelle pourrait révolutionner l’enseignement, en donnant à chaque enseignant la possibilité d’accéder à distance à cet environnement de plus en plus dangereux et infréquentable qu’est la salle de classe.

  2. B.Traven says:

    La réalité virtuelle est un oxymore inventé par un informaticien américain pour générer des capitaux. Une espèce de réac qui voit dans Wikipedia un maoïsme. Ce qui en dit long sur l’état de son cerveau.

    Ou c’est réel ou c’est virtuel.

    Si je te donne une baffe en réel tu n’auras pas la même sensation que si je te la donne virtuellement.

  3. meg96 says:

    La calculatrice va-t-elle révolutionner l’enseignement ?
    L’ordinateur va-t-il révolutionner l’enseignement ?
    Internet va-t-il révolutionner l’enseignement ?
    Les MOOCs vont-ils révolutionner l’enseignement ?

    La réflexion et l’esprit critique pouraient-ils révolutionner le journalisme ? On peut toujours rêver…

  4. doc Feelgood says:

    On enseigne déjà beaucoup mieux les maths et autres disciples sur Youtube que dans une classe.

  5. Elise says:

    Premier salon de la réalité virtuelle ?
    Le salon Laval Virtual a 15 ans …
    Et je ne pense pas que ça soit le seul.

  6. Mecanindus says:

    D’accord avec doc Fellgood: compte-tenu des niveaux différents de capacité intellectuelle des élèves d’une classe de plus de 30 élèves, un cours type magistral a toujours été peu uniformément efficace, et cela encore plus vrai aujourd’hui. Seule l’intelligence artificielle permet à l’élève d’avancer à son rythme avec le soutien dans le rôle d’assistant du professeur. A moins de mettre un prof derrière chaque élève, on y parviendra qu’en employant ces nouvelles technologies pédagogiques.

  7. En technologie c’est dur de prevoir l’avenir …

  8. Je pense que oui! comme la plupart des évolutions technologiques. Dans quel sens? cela dépend du ministère de l’éducation. Les idées ne manquent pour faire évoluer l’éducation (qui commencent à pointer vers zéro).

  9. Romane says:

    Je travaille dans le Serious Game. Je pense sincèrement que l’apprentissage par la VR est l’avenir de la formation éducative ou professionnelle. Il existe des formations en VR encore plus poussées avec reconnaissance vocale et IA. Si ce sujet vous intéresse, je vous propose de lire la dernière partie de l’article que j’ai rédigé à ce sujet : https://www.geekodrome.fr/jeux-video/le-serious-avenir-de-la-formation-e-learning/

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