Une société avec moins de travail… mais plus de formation ?

Une société avec moins de travail… mais plus de formation ?

Forum Grande école du numérique - 29 septembre 2016 © Edfab

Forum Grande école du numérique – 29 septembre 2016 © Edfab

Nous dirigeons-nous vers une société avec moins de travail ? La question a agité, mercredi soir, le second débat de la primaire de gauche entre Benoît Hamon et Manuel Valls. Certes, nombre d’emplois vont certainement être détruits du fait de l’informatisation et de la robotisation. Parallèlement, d’autres devraient cependant être créés, si l’on en croit la théorie de la destruction créatrice de Schumpeter, maintes fois évoquées dans ce genre de situation. Dans tous les cas, une chose est sûre : la transformation numérique bouleverse profondément la nature des emplois.

Les entreprises du digital en ordre de marche

Face à ce changement, les universités et écoles tentent de s’adapter, en proposant de nouvelles formations, notamment autour du big data ou de la cybersécurité.
Les entreprises ne sont pas en reste, et il est significatif de relever que le pôle de compétitivité francilien Cap Digital, qui compte 1.000 adhérents dont 850 PME, a mis sur pied une structure dédiée à l’éducation : située à la Maison des sciences de l’homme Paris-Nord, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), en face du futur campus Condorcet, EdFab vise à « promouvoir l’innovation dans le domaine de la formation aux métiers du numérique et à fédérer les acteurs de cet écosystème, de la phase d’orientation jusqu’à l’emploi », explique son directeur Benjamin Gans.

Soutenue par la région Ile-de-France, qui lui assure un tiers de ses financements, et la Caisse des dépôts, EdFab rassemble 170 membres, principalement des entreprises et des start-up EdTech comme OpenClassrooms, mais aussi des écoles de codeurs (Simplon.co, 3W Academie, Wild code School) et du web comme la StreetSchool (journalisme digital) ou encore la plateforme de cours en ligne Ionis X, émanation du groupe privé d’enseignement supérieur Ionis.

Le pôle de compétitivité francilien Cap Digital a mis sur pied une structure dédiée à l’éducation

Vers une réelle formation tout au long de la vie ?

Après avoir notamment organisé le forum de la Grande école du numérique et accueillie une rencontre européenne sur les espaces d’apprentissage du futur, EdFab lance, au premier semestre 2017, une série d’événements sur le thème des métiers de demain, autour des fablabs et des makers, du e-sport, des drones, de l’Internet des objets…

A moyen terme, il s’agit aussi de construire des parcours de formation autour, par exemple, du machine learning (apprentissage automatique) ou de la datavisualisation, en valorisant les ressources pédagogiques que les membres d’Edfab ont déjà pu développer en interne, puisque certains salariés interviennent dans des écoles et universités ou donnent des conférences sur leur spécialité. Objectif de ces différentes initiatives : acculturer les salariés aux métiers de demain et les former à de nouvelles compétences numériques.

Une manière de marcher sur les platebandes de l’enseignement supérieur ? Edfab assure ne pas vouloir être en concurrence avec les universités et grandes écoles : « historiquement, nous avons de bonnes relations avec des établissements comme le Cnam ou l’UPMC », rappelle Benjamin Gans qui explique s’être « d’abord focalisé sur les entreprises. Mais l’enseignement supérieur constitue un chantier important sur lequel nous voulons travailler ».

Reste à identifier les besoins du secteur académique et la manière de collaborer. Pour faire en sorte que la formation tout au long de la vie, dont on nous rebat les oreilles depuis plusieurs années, devienne enfin une réalité.

7 Responses

  1. jyvaut58 says:

    Formation… Il faut pouvoir avoir les facultés intellectuelles pour pouvoir les suivre! Concrètement, et en exagérant à peine, il faudra quel QI (déjà une notion relativement vague) pour les suivre? Exemples extrêmes: Compte-tenu de la vitesse de progression de l’IA, il est possible d’imaginer des robots désherbants “à la main”, les jardins ou passant le roto-fil thermique dans les villages. Que deviendront ces ouvriers, sachant pour m’en être informé, que ce sont aussi parfois des personnes à l’intelligence limitée (ou vues comme telles dans notre grille de lecture de l’intelligence et de l’employabilité actuelle)?

  2. doc Feelgood says:

    Faut bien des gens pour réparer les robots, ou bien on aura aussi ces machines de von Neumann, celles qui s´autorépliquent, et à ce stade, l´humanité disparaitra. Mais ne sommes-nous pas qu´un infinitésimal pet de mouche sur une toile cirée dans ce silence cosmique? Ou bien la main de Dieu nous sauvera encore de nos conneries?

  3. Bellon says:

    même si votre commentaire est un peu “direct” il recouvre une certaine réalité sur les capacités d’apprentissage des uns et des autres en fonction de critères tel que le niveau de formation initial, les métiers exercés, l’âge, le milieu social…etc et il existe souvent un grand décalage entre le discours autour du concept “se former tout au long de la vie” et le réel (je travaille dans ce domaine)….capacités à se former, réalité des besoins des entreprises, qualité du bassin d’emploi, qualité des formations, cadre juridique dans lequel évolue les financeurs qui influe fortement sur la qualité des formations (marchés publics), accompagnement des publics….c’est complexe, lourd avec une grande inertie, trop d’acteurs, d’enjeux politiques. De plus il y a une sorte de fantasme autour de la formation qui permettrait de n’avoir que des emplois à forte valeurs ajoutées, sauf dans quelques domaines, quelques métiers mais qui ne représentent que peu d’emploi au final….que fera -t-on de tous les autres? des chômeurs avec un revenu universel?

  4. Samira Laghdiri says:

    Bonjour.
    Même les licences deviennent des formations et perdent de la valeurs. Ce qui fait qu’il y aura moins de chercheurs.
    Enfin c’est sur qu’il va y avoir un impact.
    Les formations existaient déjà, elle, Belcacem , l’a mis au dessus et soit disant pour faciliter les inscriptions et pour la 2ème chance. L’égalité etc. Mais finalement , c’est encore plus dur de s’inscrire. La securité et mise de côté, pour de fausses excuses de budget. Sans oublier que l’informations et les capacités ne sont pas idéales. Il faut penser les universités dans leurs ensembles et garder l’identité de chacunes. Pas isolées certaines en les déscriminant. La région parisienne avec un seul compte par étudiant. Eviter de le faire trop se déplacer, sauf si il veut.
    On n’est pas informé. Ou trop tard.
    Les votes ne sont pas respectés. Les gens ne savent rien. Et c’est ça qui met le doute.

  5. MMB says:

    Bonjour,
    Oui, nous sommes entrés dans un monde du travail dans lequel la formation est permanente. Que cette formation soit effective pdt le temps de travail ou à côté. Personne ne peut plus imaginer travailler comme il y a 20 ans derrière soi, ni comme dans 20 ans à venir.

    Si la vie professionnelle s’étale sur une période de plus de 40 ans, recul de l’âge de la retraite oblige, il faut envisager des remises à niveau régulières, voire l’ouverture sur de nouveaux métiers.

    L’état de formation permanent entretient les capacités à intégrer les nouveautés. Mais jusqu’à quand ? Les jeunes apprennent plus vite, n’ont pas eu à s’adapter encore aussi souvent (si jeunesse savait et si vieillesse pouvait). En repoussant l’âge de départ à la retraite, on voit qu’une fois de plus les responsables politiques ignorent ce que signifie exercer en mobilisant toute son attention, dans un contexte concurrentiel, parfois à un niveau international. Il est des métiers contraignants physiquement. Le vieillissement est inexorable même s’il ne nous atteint pas de façon égale.
    Non seulement il faudra prévoir des formations pour accompagner l’évolution des métiers, mais il faudra aussi prévoir d’autres moyens pour permettre aux personnes de rester actives dans la société. Comme un autre intervenant le signale, tout le monde et ce n’est pas une question d’âge, n’a pas les capacités intellectuelles de suivre des formations aussi pointues que celles référencées dans l’article.

    Il est probable que les jeunes, qui connaitront les bouleversements et donc des carrières chahutées, auront des difficultés à réunir les trimestres nécessaires pour valider une retraite pleine, s’ils ont fait des études et ont commencé à travailler tard … Pourquoi maintenir un système pénalisant ?
    En outre dans le privé, cela se dit parfois ouvertement, est parfaitement vérifiable, quelques responsables avancés en âge un peu comme des sénateurs, connus pour leurs compétences internationalement, peuvent encore exercer sans dégrader l’image de l’entreprise, mais les autres ? Alors moins de travail sur la durée ?

    Voir aussi l’article « Le numérique pour l’éducation : un moyen, pas une fin ».

  6. un physicien says:

    Il serait temps de comprendre que dans le travail, la qualité est plus importante que la quantité.
    Le goût pour apprendre à l’age adulte s’acquiert lors de la formation initiale.

  7. MMB says:

    Très bon article, mais peu de remarques, le mirage Trump ? Penelopegate ? Primaire PS ? Comment se positionnent les candidats ? Se sentent-ils concernés par ce virage du monde du travail et de la société ?

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